Ce n'est pas vraiment un biopic, mais plutôt un essai autour du suicide de Mishima et de sa signification.
Le film a une structure assez attendue : on voit Mishima revêtir son uniforme le jour où a lieu son complot (prendre en otage un général, haranguer l'armée, puis se suicider), puis monter dans une voiture avec quatre fidèles, puis exécuter leur plan. Ce fil rouge est entrecoupé de flashbacks sur la jeunesse de Mishima et de reconstitutions soignées de certains de ses romans : "le temple du pavillon doré", "la maison de Kyoko" et "Runaway horses".

Le film n'est pas une relecture de l'histoire du Japon au XXe siècle : le contexte politico-économique apparaît peu, sauf lorsqu'il est en relation étroite avec Mishima, comme cette conférence qu'il vient donner dans une université tenue par l'extrême-gauche. Mais sinon, le film reste attaché à la personne de Mishima. Sa relation au corps et à la douleur (fascination pour Michel-Ange et la figure de saint Sébastien), sa fascination pour le suicide comme acte esthétique qui fait d'une vie une oeuvre d'art, sa tentative tardive de faire renaître l'esprit du bushido et la fidélité à l'empereur, mais aussi son refus de tout engagement envers l'une ou l'autre des idéologies du XXe siècle. Sa peur de la dégénérescence physique, aussi.

Tout cela est bien beau, les interprètes sont tous excellents et les images fort belles, le tout enrobé de musique de circonstance. Mais pour quelqu'un qui ne connaît strictement rien à Mishima, c'est un peu sec : c'est un de ces films où le public qui vient à intérêt à avoir bien lu le dossier de presse, ou sort de la séance en allant acheter les oeuvres complètes histoire de bien comprendre. ça manque un peu de pédagogie.

Je me suis un peu ennuyé par moment, l'enchevêtrement entre les pièces et la biographie est parfois un peu difficile à suivre. La fin est tout de même fort poignante, mais au fond le film a tout de même un travers : il relit la vie de Mishima à l'aune de sa mort, bref il fait exactement ce qu'aurait voulu Mishima. Les pièces reconstituées, parmi les nombreuses oeuvres de l'écrivain, l'ont été parce qu'elles éclairent sa relation torturée à la chair, mais n'est-ce pas créer une illusion rétrospective, que de sous-entendre que "déjà bien avant, ça le travaillait" ? Il aurait été intéressant de creuser le décalage entre la figure anachronique que représente Mishima et le Japon des années 50-60.

Mais bon, c'est l'historien qui parle.
zardoz6704
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le 5 janv. 2014

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