Ce n'est pas encore l'heure de la réinvention du style de Burton mais Miss Peregrine se place tout de même en haut du panier. La déception est cependant présente quand on voit à quel point cette histoire était faite pour le réalisateur. C'est un peu triste qu'un film prônant autant la différence se révèle aussi classique. Les inspirations sont empruntées de toute part des X-men à Harry Potter en passant par des méchants copie carbone du Slender-Man (bien que voir un mythe d'Internet inspirer les réalisateurs ça a quelque chose de bon). Burton a largement les ressources pour transcender le tout mais ne va jamais chercher plus loin, dommage.
Le rôle de leader échoue à Asa Butterfield qui est peut être le héros le plus ennuyeux de cette année. Aucune émotion ne transparaît de son jeu et alors qu'on attend ne serait-ce qu'un peu d’émerveillement face aux situations qu'il rencontre on est jamais récompensé. Le bonhomme invisible du film arrive à être plus expressif, c'est dire. Du côté des enfants pas grand chose de particulier (#lol), chacun se contentant de remplir une fonction : le love-interest, la fille timide, le connard qui a un cœur en fait...
Heureusement que les adultes sont là pour mener le jeu un peu plus haut. Eva Green continue d'être la saint patronne des films moyens orientés Young Adults. Et comme souvent elle est la meilleur partie de ceux-ci. Elle arrive à transmettre toute cette part de mystère qu'on attend de Miss Peregrine. Elle a un jeu en décalage par rapport au registre convenu des autres acteurs et c'est plus que bienvenu. De l'autre côté, on a un Samuel L. Jackson en roue libre donnant une performance de méchant qui vaut la place de cinéma à elle seule. Il est parfait en méchant ridicule juste assez flippant pour être crédible. Seulement le film a aussi besoin qu'il soit stupide dans un 3ème acte un peu horrible qui enlève toute notion de danger et donc d'enjeux. Encore une fois, c'est dommage.
Néanmoins je ne vais pas renier mon plaisir. C'est quelque peu triste à dire mais cette année, un blockbuster avec une histoire ficelé ça suffit à mon bonheur. Malgré tout le classicisme que je lui reproche Miss Peregrine s'écarte à quelques moments de ce qu'on attend de lui pour délivrer des moments enchanteurs parmi les plus appréciable de la filmographie de Burton. Que ce soit ces scènes d'horreur dans les marais au début, les quelques moments où Ella Purnell s'envole à cause de sa particularité dans une grâce certaine ou encore les quelques scènes en stop motion rendant un hommage vibrant à Harryhausen (https://www.youtube.com/watch?v=pF_Fi7x93PY). Je retrouve le charme d'un Edward au mains d'argents. Et c'est plus qu'il n'en faut pour recommander ce visionnage.
(Je n'ai toujours pas compris leur système de voyage dans le temps. Je crois que c'est juste un élément qui n'a pas de sens dans le film et qui demande beaucoup de suspension de l'incrédulité).