En allant chez son grand-père (Terence Stamp), Jake (Asa Butterfield), un adolescent solitaire, découvre la maison dévastée et le corps de son grand-père inanimé derrière la maison. Juste avant de mourir, ce dernier lui dit de partir à la recherche de Miss Peregrine et son foyer d’enfants. En effet, durant toute son enfance, Jake a écouté avec une attention particulière les histoires de son grand-père, remplies d’enfants aux pouvoirs spéciaux, gardés par une femme mystérieuse dans un endroit secret, pourchassés par des monstres sanguinaires… Bien sûr, pour les parents de Jake et sa psychologue, ce ne sont que des histoires inventées pour diminuer l’impact qu’a causé chez le jeune homme la mort de son parent le plus proche. Mais si, contre toute attente, ces histoires n’étaient rien d’autre que la vérité ? Et si le sort de ces enfants particuliers reposait sur Jake ? Mais pour le savoir, il va d'abord falloir trouver le repère de cette Miss Peregrine, caché dans l'espace, mais aussi dans le temps...
Si on pouvait craindre, avec Big Eyes, dernière œuvre du réalisateur en date avant Miss Peregrine et les enfants particuliers, que Tim Burton ne se tourne vers un cinéma plus standard et moins sombre, on peut se rassurer : il n’en est rien. Avec Miss Peregrine, le réalisateur livre sans doute un de ses films les plus burtoniens depuis longtemps. Ce n’est toutefois pas le Burton de Sweeney Todd avec sa noirceur pessimiste, ni le Burton joyeux de Charlie et la chocolaterie que l’on retrouve ici, mais plutôt un croisement entre les deux. Non, si on devait absolument comparer ce film-ci avec d’autres œuvres de Burton, on pourrait dire qu’il est l’échelon manquant entre un Dark Shadows en plus épique et un Big Fish en moins émouvant.
Ici, le réalisateur nous offre un divertissement très complet, dans lequel il parvient à mêler tout ensemble le rêve, la peur, le rire et l’émotion. Si le film est loin d’être exempts de défauts, il faut au moins lui reconnaître que l’alchimie entre les quatre est particulièrement réussie, malgré une émotion un peu trop discrète.
Même si elles permettent au spectateur de s’attacher à des personnages qui ont une vraie épaisseur, il y a de nombreuses longueurs, notamment avant la découverte du foyer d’enfants par Jake, puis en attendant que le méchant passe enfin à l’attaque. Mais lorsque l’action commence, c’est l’inverse. On ne peut s’empêcher de penser que Tim Burton en fait parfois trop, préférant l’horreur à la suggestion, c’est-à-dire en montrant tout au spectateur (la transformation des méchants en monstres, le festin d’yeux dont les monstres se régalent, etc…) là où il aurait sans doute été préférable, afin d’éviter le kitsch, de suggérer ces scènes par des jeux d’ombres et de plans bien choisis... Vous savez ! Ces plans qui nous montreraient le méchant de dos, ou son ombre projeté sur le mur, etc... Bref, toutes sortes de procédés qui, en nous évitant de voir frontalement la menace, rendraient d'autant mieux son caractère insaisissable et menaçant...
Enfin, le combat final au sein de la fête foraine, s’il nous offre un caméo plutôt sympathique de Tim Burton lui-même, souffre de la même tare qui contaminait déjà la scène finale de Dark Shadows, à savoir un aspect foutraque qui fait partir la scène dans tous les sens, quoiqu’ici, elle soit tout de même bien mieux maîtrisée que dans la comédie précédemment citée. Ajoutez à cela quelques facilités ou absence d’explications ou de développement (le personnage de Victor ou la relation entre Jake et son père auraient mérités d'être bien mieux exploités) dans le scénario, et on pourra se dire que c’est un mauvais Burton. Et bien, pourtant, il n’en est rien.
En effet, l’ambiance joue beaucoup, et ici, elle est parfaitement réussie, et notamment grâce au passage d'une époque à l'autre, idée intéressante et, cette fois, plutôt bien exploitée. Grâce aux acteurs, on s’attache réellement aux personnages, et on souffre avec eux lors de certaines scènes (particulièrement
le départ de Miss Peregrine, qui se sacrifie pour ses enfants).
En outre, la magie de Burton fonctionne à 100%, et ce déchaînement de magie en tous genres fait revenir le spectateur bien disposé à l’émerveillement dont il faisait preuve, lorsque, dans sa plus tendre enfance, il découvrait les mondes merveilleux que lui offrait un studio Disney ou un jeune Tim Burton au meilleur de sa forme. Et il est impossible de ne pas éprouver un vrai pincement au cœur quand les deux heures se terminent et qu’on est obligé de se séparer à contrecœur de cette fascinante Miss Peregrine et de ces enfants si particuliers et si attachants…