Tim Burton... LE réalisateur pour tous les amoureux de l'étrange et de l'inconventionnel fait-il son grand retour aux sources? Grand je ne sais pas, mais un retour aux sources c'est certain. Enfin le retour du côté sombre, de l'horreur et des créatures hors-normes sans tomber dans le ridicule ou la parodie. Il est vrai que depuis le génial Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street, Tim Burton avait un peu perdu de sa superbe: Alice et Pays des Merveilles et Dark Shadows étant d'assez pâles (bien que sympathiques) adaptations des œuvres originales. Il avait réussit à revenir grâce au très beau Big Eyes où il s'essayait au biopic et le magnifique Frankenweenie qui revenait à son amour de jeunesse: l'animation gothique. Mais le domaine du (bon) fantastique et de la noirceur était absent depuis pas mal de temps. Miss Peregrine lui permet de revenir dans ce domaine avec une certaine classe. Il s'agit ici d'une (apparemment libre) adaptation du roman du même nom. Ne l'ayant pas (encore) lu, je ne peux donc pas faire de comparaison. La critique de ce film est donc purement filmographique. J'ai bien réussi à rentrer dans l'histoire (même si en allemand les histoires de boucles temporelles et les noms n'étaient pas forcément très clairs, il faudrait que je le revois en vo), l'ambiance est lugubre à souhait, la musique et les décors sont assez sombres, les créatures sont fascinantes et effrayantes à la fois et l'interprétation d'Eva Green et Samuel L. Jackson est absolument parfaite. S. L. Jackson me fait vraiment flipper dans ce rôle, même s'il cabotine toujours autant. Le sens de l'humour, le cynisme du personnage et son manque de scrupules en font un ennemi redoutable et fascinant. Miss Peregrine est un personnage très attachant et à la fois inquiétant. Quel dommage qu'on la voit si peu de temps. Et c'est là que le bas blesse, je pensais qu'elle serait le personnage central et aurait plus de scènes, mais au final c'est le personnage de Jacob Portman qu'on suit. Son interprète Asa Butterfield n'arrive pas à l'interpréter avec conviction et le personnage est au final très creux. J'ai l'impression de voir un énième enfant du destin, qui n'arrive pas à comprendre ce que l'on attend de lui et qui doit sauver tout le monde. Heureusement les autres personnages de l'institut arrivent à apporter quelque chose d'intéressant. Mais peut-être ce sentiment est dû au livre d'origine. Enfin le côté trop numérique du film fait que j'ai plus de mal à m'approprier ce monde. Trop froid et impersonnel. Désolé mais je continue à penser qu’hormis quelques créatures et quelques scènes où il est nécessaire, l'ordinateur ne doit pas remplacer les maquettes, maquillages et marionnettes pour rentrer dans l'univers Burtonien. Une belle surprise, certes, mais bien loin des claques qu'ont pu être Sleepy Hollow, Sweeney Todd ou encore Edward aux mains d'argent. Espérons un bon film de transition avant de revoir le GRAND retour de Tim Burton. 8/10.