J’ai toujours eu beaucoup de mal avec la filmographie de Tim Burton. Si j’ai adoré certain de ses films (Batman, Sleepy Hollow…) il y en a un paquet d’autre qui m’on laissé de marbre, voir que j’ai détesté (notamment Dark Shadow). Toutefois la bande annonce de Miss Peregrine et les enfants particuliers m’avait laissé espérer le meilleur. Et la douche froide s’ensuivi.
Attaquons avec un des points les plus faibles du film : le scénario. N’ayant pas lu les livres, je ne sais pas ce qui vient de là et ce qui vient de l’adaptation. Déjà le scénario pose problème par son rythme. Au bout d’une heure de film on en est toujours à la présentation de l’univers et des personnages. Et les personnages (notamment Miss Peregrine) refusent constamment de parler de leur univers sous prétexte que c’est secret. Et bien sur, lorsque l’intrigue démarre réellement elle est précipitée et peine à créer de l’enjeu. Le scénario est très prévisible et les différents retournements de situation se voient venir bien à l’avance. C’est d’autant plus problématique que le film ne s’attarde pas énormément sur son univers, pourtant potentiellement riche. Au lieu de ça nous avons droit à des dialogues redondants, qui répètent inlassablement les mêmes questions, sans d’ailleurs jamais se risquer à les pousser en profondeur.
Ce qui m’amène d’ailleurs au point qui m’a le plus fait enrager contre le film : son message. Il ne s’agit pas à d’acceptation des différences (ce sujet là n’est JAMAIS abordé dans le film) mais au contraire de rejet. Pour faire simple tout ce qui normal est montré comme parfaitement dépourvu d’intérêt. En gros restons entre particuliers
Et cela nous permet d’en arriver aux personnages.
Jacob notre héros, est particulièrement fade. Son personnage est creux et beaucoup trop répétitif par rapport aux autres films de Burton. C’est le héro rêveurs, solitaire et que le monde ne comprend pas (et parce que le monde est trop « normal » pour le comprendre). Miss Peregrine, qui je rappel donne son nom au film, est finalement très peu présente et sert surtout à faire de l’exposition (mais en refusant constamment de faire de l’exposition). Si le personnage est très charismatique, on notera qu’elle est décrite comme très intelligente mais les manifestations de cette intelligence font très artificielles et aucune de ses actions ayant un lien avec le scénario ne témoignera d’un intellect supérieur. Concernant les enfants particuliers ils sont globalement appréciables, malheureusement leurs personnalités sont résumés à leur particularité, ce qui pose encore problème : le fait d’être particulier semble prendre le dessus sur le fait d’être une personne. C’est d’autant plus dommage que les particularités en question sont balancées lors de leurs présentations, ne servent pas vraiment dans le film et toujours sans grande originalité. Concernant leur présentation, c’est d’ailleurs dommage de les avoir fait êtres présentés par le grand père de Jacob dans l’intro. Le résultat c’est que lorsqu’on les voit pour la première fois, l’aspect mystérieux et merveilleux est perdu. Certains enfants on toutefois droit à un peu plus de développement. On peut penser notamment à … heu …Emma Bloom ? (si j’en crois le casting donné par SensCritique). Fait révélateur puisque son nom doit être mentionné une fois ou deux et qu’elle n’a rien de franchement marquant, mis à part son amourette avec Jacob (que je spoil sans vergogne vu à quel point elle est téléphonée et prévisible). Le personnage d’Enoch est un peu plus travaillé, mais reste très superficiel. En gros il n’aime pas Jacob…sans qu’on sache pourquoi, et il est protecteur et jaloux envers Olive…sans qu’on en comprenne vraiment la raison sur le coup. Le grand méchant est forcément bon, puisqu’interprété par Samuel L. Jackson. Le reste des personnages est beaucoup plus problématique. On a Judi Dench en mode « Coucou je suis là, filez moi mon chèque ! » Et puis on a les parents de Jacob inintéressants, stupides et négligents, parce que, ben vous comprenez, ce ne sont que des humains normaux, pas des particuliers, ils sont donc tellement inférieur. Je me répète avec ce problème mais c’est parce que je me sens insulté par cet aspect du film.
J’en profite de parler des personnages pour parler du jeu d’acteur. Et plus ça va plus j’ai l’impression que Tim Burton galère à diriger ses acteurs. Autant Eva Green s’en sort bien, et fais oublier sa prestation lamentable de Dark Shadow, autant pour les autres c’est plus complexe. Samuel L. Jackson est bon (et toujours aussi charismatique) mais il est aussi clairement en roue libre et cabotine comme c’est pas permit. On pourrait faire la même remarque sur Judi Dench. Pour les acteurs enfant par contre très peu de chose à en tirer. Mention spéciale à Asa Butterfield et l’acteur d’Enoch, qui ont tout simplement l’air de se demander ce qu’ils font là.
Parlons rapidement de la technique, où là encore c’est pas extraordinaire. Curieusement pour un film de Burton, l’aspect esthétique est très banal. Aucun plan n’est vraiment marquant et on notera quelque chose qui m’énerve toujours : le sacrifice de la cohérence pour l’aspect visuel. Je pense notamment (et sans spoil) aux deux scènes concernant le bateau. Les scènes d’actions sont également très molle, le climax rappelant celui de Dark Shadow. Mais certaines idées sont quand même satisfaisantes (les squelettes du combat final que j’ai trouvé assez amusants bien qu’un chouïa abusé). Il faut également noter un usage, certes anecdotique, mais sympathique de la stop motion. Les effets visuels sont assez bien gérer (notamment les transformations de Miss Peregrine). De plus les designs des différentes créatures (les enfants et les autres) sont globalement réussis mais venant de Burton on aurait put souhaiter mieux.
Petite aparté pour parler du traitement du voyage dans le temps, sujet complexe s’il en est dans une œuvre de fiction. Et ça aussi c’est raté. Bon la question des boucles à proprement parlé est plutôt cohérente et plutôt bien expliquée. Mais ce que cela implique est beaucoup plus confus. La moitié du temps on se demande à quelle époque se situe l’action, comment leurs gestes dans le passé peuvent influer sur le présent, etc… Bref encore un point traité à la va-vite alors qu’il aurait fallu y faire gaffe.
Avant de conclure je reviendrai sur un détail qui me tiens à cœur, et qui me rend un peu triste dans ce cas : le doublage VF est franchement pas terrible. Si Thierry Desroses (le doubleur officiel de Samuel L. Jackson) est correct, le reste ne vole pas franchement haut et la synchronisation labiale est souvent à la ramasse.
Bref il manque vraiment quelque chose dans ce film. J’ai franchement l’impression que Burton a fait le film en mode automatique sans s’investir plus que ça. Ce qui fait ressortir ses défauts habituels et fait disparaitre ses qualités habituelles (je n’en ai pas parlé mais Danny Elfman n’est pas présent et son absence se fait sentir, puisque les musiques du film sont oubliables au possible). Je finirai sur un problème global sur le ton du film. On a vraiment l’impression que les responsables hésitaient entre en faire un film familial et un film plus sombre (certaines scènes sont justes bien choquantes pour les enfants).