Pouvais-je faire autrement que de faire ma première critique de livre sur Harry Potter et l’enfant maudit ? Probablement oui mais je le fais quand même. Tout simplement car il s’agit d’Harry Potter et étant né dans les années 90 cette saga a une très forte importance pour moi. J’ai appris à lire avec les premiers livres, j’ai appris à aimer le cinéma avec les films. Bref que ce soit au format littéraire ou cinématographique, et malgré des défauts indéniables, la saga Harry Potter est un des piliers de ma culture.
Hors lorsque j’ai appris qu’une suite devait voir le jour sous forme de pièce de théâtre j’ai eu un gros doute. Pas que la fin de la saga soit parfaite (avec cet horrible épilogue) mais parce qu’une suite c’est toujours casse-gueule, surtout avec le changement de format.
Et d’ailleurs j’en profite pour parler du premier gros défaut du livre à m’avoir marqué : son format. La pièce de théâtre est peut-être le pire moyen de transposer le monde d’Harry Potter avec ses sortilèges, ses créatures fantastiques, ses architectures impressionnantes… Je plains beaucoup le metteur en scène qui va devoir s’occuper du travail car lorsque je vois certains trucs (comme de la fumée qui sort des oreilles d’un personnage) je ne peux qu’être circonspect. Enfin des professionnels du théâtre ont participé à l’écriture de la pièce, donc la qualité doit quand même être là. Ben pas vraiment. On sent vraiment une mauvaise maîtrise des codes théâtraux, notamment dans les didascalies (toujours elles), qui se contentent généralement de nous balancer l’état d’esprit des personnages. Et souvent de manière assez ridicule par leur exagération.
Bon rater le format c’est une chose, mais l’histoire peut être réussie non ? Oui, sauf que là non. Ça a déjà été dit par tout le monde mais je ne peux qu’être d’accord : c’est une grosse fanfiction. Je reviendrai plus en détail sur les principaux problèmes avec les personnages, mais l’histoire a ses grosses lacunes.
La question du voyage temporel, au centre de l’histoire, est traitée par-dessus la jambe. Par exemple comment Albus et Scorpius ont-ils pu laisser un message à Harry sur la couverture, sans que Delphi n’ait le temps de permettre à Voldemort de devenir maître du monde ?
Et au passage on égratigne l’histoire des livres.
J’arrive à gérer l’histoire de Delphi en me disant qu’elle est la fille de partisans de Voldemort, qui lui ont fait croire qu’elle était sa fille pour la pousser à le venger… c’est de la merde mais c’est toujours mieux que d’imaginer Voldi et Bellatrix le faire sur une peau d’ours dans un chalet enneigé avec un feu de cheminée et une coupe de champagne.
En revanche qu’on nous sorte un retourneur de temps et qu’on nous prouve qu’ils puissent modifier le passé, ça nous fait nous poser la question du pourquoi ils ne l’ont pas fait avant.
Et au passage ça fait un peu mal de voir tout ce foin autour de la mort de Cédric et d’oublier toutes les autres victimes de la guerre contre Voldemort. Donc c’est très important pour Albus d’aller le sauver lui mais on se moque complètement des parents de Harry, de ceux de Neville, de Sirius, de Dumbeldore, de Maugrey, de Dobby, de Remus et Tonks, de Fred… bref vous avez compris l’idée.
Enfin l’histoire évolue sans réflexion et avec des facilités scénaristiques insultantes pour les personnages.
Donc une cachette mise au point part Hermione (soit probablement la meilleure sorcière de son temps et la ministre de la magie) est découverte par deux ados et une jeune femme en moins de cinq minutes… Pourquoi elle n’a pas tout simplement ouvert un coffre à Gringotts ? A oui parce que sinon y a pas de scénario. Et comment ça se fait que n’importe qui puisse rentrer, voir tuer quelqu’un, à Poudlard sans que personne (y compris la directrice) ne voit rien ? Parce que sinon l’histoire n’avance pas.
Et cette idée de faire de la sorcière aux friandises du Poudlard Express une sorte de gardienne chargée de s’assurer que les étudiants arrive à Poudlard. L’idée aurait pût être sympa, si Albus et Scorpius ne s’échappait pas avec autant de simplicité, ce qui la rend inutile et nous fais nous poser une question : elle faisait quoi quand un Détraqueur aspirait l’âme d’un des étudiants en question dans le troisième tome ?
Bref un format mal exploité, une histoire bâclée, que manque-t-il à tout ça ? Des personnages catastrophiques. Et là on peut diviser en trois catégories : les nouveaux personnages ratés, les anciens personnages trahis et les figurants (ou ceux qui ont disparus dans les méandres du scénario). Pour la première catégorie notre couple (et je dis volontairement couple) de héros : Albus et Scorpius. Outre le fait d’être visiblement issus d’un concours de prénoms handicapants ils partagent la même relation complexe avec leur géniteur. Alors bien sur Scorpius pourrait être plus intéressant avec les rumeurs sur ses origines (rumeurs bien tirée par les cheveux et présentes uniquement pour créer du drame supplémentaire et inutiles à l’histoire), mais comme on se fiche de la psychologie du personnage et qu’on ne le voit presque jamais interagir avec son père, on est obligé de croire Drago sur parole lorsqu’il dit de temps en temps avoir des relations compliqués avec son fils. Quand à Albus, il réussit l’exploit d’être encore plus tête à claque que son père jeune (et ce n’est pas peu dire).
Notons leurs évolutions de personnage qui consiste pour Albus à admettre que son père l’aime (alors que son problème à l’origine était d’être le fils de Harry Potter aux yeux du monde) et pour Scorpius de passer de quelqu’un à la personnalité sympathique mais un peu effacée à quelqu’un à la personnalité de crétin mais un peu effacée.
Je ne reviendrai même pas sur Delphi que je renommerai simplement Scénarii.
Coucou tu ne me connais pas mais tu me fais immédiatement confiance et tu es près à devenir un hors la loi si je te le demande parce que le scénario. Et au fait je suis une méchante depuis le début, parce que le scénario. Et je peux voler sans balai et vous prendre vos baguettes, t’a vu un peu mon pouvoir du scénario ?
Pour les anciens personnages trahis on a bien entendu Harry Potter en personne. Déjà qui peut me dire ce qu’il fout au département de la justice magique, il était pas sensé devenir auror ? (En même temps pour l’importance scénaristique que ça a je comprends qu’il soit à ce post… ho wait non ça aurai même eu plus de sens s’il avait été auror). Et en plus c’est un mauvais père. Alors en plus d’être bien cliché le coup du héros qui n’arrive pas s’occuper de sa famille correctement, c’est assez incohérent avec le personnage. Je veux dire Harry Potter le mec qui est censé savoir parfaitement l’importance de la famille, justement parce qu’il n’en a pas eu arrive à négliger ses enfants. Je ne dis pas que tous les orphelins font automatiquement de bons parents mais là j’ai un peu du mal à y croire. Et bien entendu la mère n’a aucune responsabilité dans l’éducation des enfants, c’est bien connu. D’ailleurs en face de ça on a droit au personnage d’Hermione, dont les auteurs ont parfaitement réussi à faire ressortir les pires cotés. Et bien sur elle est ministre de la magie. Parce que vous savez elle était bonne à l’école. Je ne peux toutefois pas m’empêcher d’y voir une espèce de pseudo message féministe, renforcé par le fait que ses enfants s’appellent Granger-Weasley (vous avez vu on place le nom de la mère avant celui du père, vous avez vu comme on est moderne !). Viens ensuite Drago Malefoy qui devient le super gentil qui fini même par être pote avec Harry Potter et même que maintenant il aime les enfants de moldus et il apprécie Hermione nonobstant le fait qu’il ait souhaité qu’elle meure à plusieurs moments de la saga… Un peu radical comme évolution de personnage.
Venons en maintenant aux figurants. Et par figurant je veux dire tout les personnages qui sont là, mais sans vraiment avoir de rôle réel. Notre grand gagnant dans ce domaine n’est autre que Ron qui de meilleur ami de Harry et héros courageux de la guerre contre Voldemort est passé à oncle (mauvais) blagueur et un peu beauf). Sérieusement je l’imagine bien regarder le Quidditch à la télé une bière à la main. Bref d’un personnage actif et important on passe à un gros lourd tout juste bon à lâcher une mauvaise vanne de temps en temps.
Dans les réalités alternatives il n’est même pas marié à Hermione, pour des raisons qui auraient gagnées à ne pas être expliquées tant elles sont minables, et bien entendu elle s’en sort bien mieux que lui. Je dire après qu’ils aient passé vingt temps à combattre Voldemort elle est présentée comme une magnifique rebelle parfaitement à l’aise dans son rôle, et lui ne peux même pas tenir sa baguette dans le bon sens.
D’ailleurs la figuration est une constante de la famille Weasley puisque Ginny (soit l’épouse de Harry et la mère de notre héros principal) est juste là pour faire une petite apparition de temps en temps, probablement histoire de rappeler qu’elle existe. Mentionnons également McGonagall, dont la présence se limite à être là et c’est tout. Au passage les autres enfants de Harry et Ginny apparaissent rapidement dans la première scène et c’est tout. Aucune autre mention n’est fait d’eux après ce qui frôle par moment le ridicule. Un peu comme Rose Granger-Weasley qui en plus est censé avoir un rôle.
Et même les morts en prennent plein la tronche. Déjà Dumbeldore (sous forme de tableau) qui concrètement n’aurait pas du être présent. Ensuite l’image de Voldemort est également écornée au passage. Pour vous donner une idée : on a une blague sur son absence de nez… On est donc passé d’un mage si dangereux et maléfique que personne n’ose prononcer son nom à « Hey ! Voldemort il a joué à j-t’ai-volé-ton-nez avec Chuck Norris ». Décrédibilisassion quand tu nous tiens.
Rogue aussi a le droit à sa petite scène. Elle ne sert à rien, il croit Scorpius beaucoup trop simplement et le fait que lui, le maître de la dissimulation (qui a joué double jeu pendant si longtemps au point de s’y perdre lui-même un peu) révèle aussi facilement faire parti de la résistance, cache les deux sorciers les plus recherchés d’Angleterre dans son bureau de Poudlard et paraisse aussi uniformément gentil, fait un peu mal.
Bref que garder de cette pièce ? Quelques bonnes répliques par moment, quelques idées sympathiques et c’est à peu près tout. Et ce qui m’embête le plus c’est le nom de J. K. Rowling écrit en gros sur la couverture. Parce que coup, ne nous en déplaise il s’agit bien plus ou moins d’un tome 8.
Au final ce livre est une énorme déception pour moi. J’aurai bien voulu l’aimé, mais le fan-service abusif et le coté peu travaillé de l’histoire et des personnages aura eu raison de ma bonne volonté.