Missing Man par Supavince
A la vision de la scène introductive de Missing Man, on se dit qu’on est bien parti pour voir une nouvelle fois Joey Wong s’en prendre plein la gueule, la chose étant assez monnaie courante dans les films de ces débuts. La mignonnette a joué bon nombre de fois les punching ball et subi les pires ignominies. De très bons titres comme An Eye for an Eye, Law or Justice ou encore A Hearty Response pour ne citer qu’eux sont là pour en témoigner. Et bien c’est une nouvelle fois le cas mais pas que. Car les choses vont se vouloir beaucoup plus ambiguë pour la belle, Missing Man étant un film qui aime surprendre et user de twists et rebondissements en tout genre.
Polar plutôt intelligent, Missing Man n’est pas le type de film bourrin lambda qu’on a coutume de voir à cette période et c’est peut-être en cela qu’il diffère du polar d’action moyen en cette année 1989 à Hong Kong. Non pas qu’il ne nous délivre pas son lot de scènes chocs et de violence si chères à la fin des années 80 à Hong Kong, mais plutôt parce qu’à cela, il y mêle habilement une intrigue assez intéressante dans son traitement. Certains twists sont assez maladroits, mais on passera l’éponge sur ces une ou deux facilités scénaristiques comme l’utilisation du jumeau caché joué par le même acteur. Même le grand John Woo avait déjà utiliser cette technique peu glorieuse dans le syndicat du crime 2 avec Chow Yun Fat… Passons.
Dès les premiers instants du film, on comprend que le suspense sera le maître mot. Comme la réalisation est tellement en roue libre, on se prête au jeu sans faire la fine bouche. Certains rouages cachés de l’histoire sont prévisibles, d’autres impossibles à deviner soit parce qu’ils sont trop gros ou alors très bien pensés. Un certain équilibre (involontaire) trouver par Stephen Yip qui réalise ici son premier film (donc on lui pardonne certaines choses) et a qui l’on doit également le très sympathique Fatal Mission (et bien bourrin pour le coup celui-là).
Le mari de Joey Wong ayant disparu et soudainement réapparu sous les traits d’un usurpateur, on s’amusera donc a essayer de comprendre les motivations de ce dernier, et en parallèle de découvrir qui se cache derrière les meurtres qui gravitent au tour du (faux) couple Alex Man /Joey Wong.
La présence de l’acteur Walter Tso (carrière débutée en 1936!) qui campe son rôle fétiche d’inspecteur au chapeau Borsalino ajoute une touche vintage assez décalée, et joue un rôle clé dans l’intrigue. Alex Man est égal à lui-même, mais sans être trop over-the-top non plus. Enfin, la gueule patibulaire de l’acteur Sunny Fang Kang est un véritable délice. Carrie Ng et Leon Lai (tout jeunot) vienne compléter le casting.
Missing Man est plutôt une intéressante découverte, tout est loin d’être parfait, mais pour une première réalisation, Stephen Yip s’en tire avec les honneurs et a su se différentier dès son premier film. Des débuts encourageants pour son premier film, réédités avec la sortie de son second film Fatal Mission, mais qui ne seront pas forcément confirmés par la suite… Dommage.