Je me faisais une réflexion il n'y a pas très longtemps : en matière de critique ciné, et plus généralement, dans le domaine de la littérature relative au septième art, de plus en plus de choses ont tendance à me tomber des mains.
Car j'ai l'impression qu'il s'agit plus aujourd'hui de rallier les gens à son propre avis, voire d'imposer une doxa, que d'évoquer un ressenti, bon ou mauvais. Car il s'agit plus de ramener l'affaire à ses petites fixettes perso revenant en boucle que de développer son enthousiasme ou son dégoût avec son contemporain.
Dead Reckoning : Partie 1 constituera ainsi le terrain de jeu idéal pour vous bassiner avec Tom le control freak, réflexion sur l'état de santé du blockbuster désincarné au bord du gouffre, ou encore le méta-texte obligatoire de la lutte de l'acteur contre l'IA, les CGI dégueulasses et l'inconséquence Marvel.
S'il faut avoir quelque chose à l'esprit avant de rentrer dans la salle, c'est que l'opus précédent, Fallout, ne sera probablement jamais dépassé, tellement celui-ci tenait du miracle d'équilibre, regorgeait d'action spectaculaire et transpirait le charisme, Henry Cavill n'y étant bien sûr pas pour rien.
Tom Cruise et Christopher McQuarrie semblent donc reculer quelque peu a priori, aucune scène d'action n'arrivant à la cheville du maxi climax de Fallout, tandis que cette histoire d'IA représenterait presque une mutation de la franchise vers une anticipation claustro tout droit sortie de la série Black Mirror.
Mais les coquins, via cette IA toute puissante en capacité de brouiller les pistes, d'anticiper et de toujours tendre vers un scénario qui lui serait favorable, en profite pour réinscrire la franchise Mission : Impossible dans une impression de jeu d'échecs grandeur nature, comme un souvenir des racines de la série télévisée originelle.
Sans pour autant sacrifier l'impression de suspense qui irrigue constamment ce septième opus, qui prend littéralement à la gorge en certaines occasions.
L'action, quant à elle, est toujours aussi inspirée, efficace et trépidante, garantissant à elle seule que l'on ne s'ennuie jamais pendant les presque trois heures de projection. Tout comme la présence de la très jolie Hayley Atwell, dont le personnage très Ocean's Eleven représente la plus belle surprise par sa malice et son rôle d'improbable alter ego improvisé d'Ethan Hunt.
Dead Reckoning : Partie 1 ne trahit donc jamais les attentes induites par sa franchise et s'impose facilement comme un très bon Mission : Impossible, même s'il n'échappe pas totalement au piège tendu par l'Entité qu'il met en scène. Car à force de présenter cette intelligence artificielle comme omnipotente et ayant toujours deux coups d'avance sur notre team, une fausse idée d'automaticité s'insinue par instant, allant jusqu'à parasiter des moments qui auraient dû porter l'émotion tragique de la disparition.
Mais heureusement, rien qui ne soit de nature à tempérer l'attente d'un dénouement qui ne pourra que clore en beauté une mission, par définition, impossible.
Behind_the_Mask, espion et demi.