-Je continue avec les Mission Impossible. Le 5 donc ici par Christopher McQuarrie. J'avais plutôt peur car le cinéaste avait loupé son Jack Reacher, un autre film avec Tom Cruise, qui n'est pas nul du tout non plus ce film-là hein mais enfin qui m'a déplu. Mais ça passe ici, il faut dire que ce genre de films qui coûtent un PIB sont en général satisfaisants, mais enfin je pense que le mérite en revient tout de même en premier lieu au cinéaste, car des films qui coûtent un PIB mais qui sont impossibles à regarder il y'en a et pas qu'un peu... Ce film est très bien, bien rythmé bien fait, comme Mission Impossible 1 et 4 il est basé surtout sur une structure où il y'a 3 moments-clés et distincts, (dans ce film-ci la scène de l'opéra à Vienne la scène de la centrale à Casablanca et enfin celle du gala à Londres), le montage s'accélérant crescendo pour tendre vers ces moments et se relâchant quand il s'en éloigne, ce qui fait que le rythme global du film bat naturellement bien, un peu à la manière d'un cœur humain quoi, en tensions/relâchements, sauf que cet opus-ci a un petit défaut, de nature scénaristique surtout quoique pas uniquement je dirais :
La fin, avec la partie du premier ministre qui est mal écrite et qui tranche avec les deux premières.
-Cependant, il n'empêche que le film reste jouissif, fun, c'est juste fun en fait, percutant, vivifiant, chaque image a un rôle très concret, et tous les plans, un à un, concordent à composer l'ensemble, ce qui est l'héritage du western et l'héritage de tout bon cinéma : Les images n'ont aucune puissance en elles-mêmes, et c'est leur impuissance même qui fait qu'elles peuvent dès-lors répondre et obéir à un tout plus puissant et cohérent, ce tout plus puissant devenant l'invisible rendu progressivement visible par la discipline du film, ce qui est plus largement une théorie artistique et bien sûr pas seulement commune au cinéma mais probablement à tous les arts. En somme, plus les images ne valent rien, plus le film vaut, et la force des Mission Impossible est qu'il n'y'a pas de bonnes images dedans, puisque le film va trop vite, y'a pas l'temps en fait, ce qui est tout aussi bien un élément réaliste, car, dans la vie, le temps de vivre et on est déjà mort, n'est-ce-pas !
-De plus, si le film touche, en plus d'amuser, c'est qu'il est philosophiquement valide : Le héros à chaque film lutte à la fois contre des pressions internes qui contraignent sa mission (ici la CIA), et aussi donc contre la pression externe, qui est le fameux grand méchant de l'histoire. Cette structure touche car, probablement, nous même, l'être humain lambda, nous avons des rapports de force contre nos ennemis évidemment mais aussi en même temps contre nos propres amis/famille/couple/collègues ou autre; ce sont des choses banales mais hyper-réalistes, qui fondent la partie philosophie de Mission Impossible, et, comme ça ne suffit pas évidemment car le cinéma n'est pas de la philosophie, le film rajoute beaucoup d'action et d'images nouvelles à fort montage pour la partie entertainment. Or, je fais partie de ceux qui croient que le cinéma n'est rien d'autre de plus que de la philosophie + du fun. Un mélange d'abstrait et de concret. Ou, juste des images, certes, mais juste des images propres. En somme, ces Mission Impossible, je crois, sont les parmi les plus belles œuvres d'art de notre époque, à la fois sérieux et ouverts à un public toujours plus grand.