Avec Protocole Fantôme, Brad Bird avait mis la barre très haut en réalisant le meilleur opus de la franchise, au point que les producteurs voulaient le voir revenir pour le cinquième acte, ce qui aurait été une première. Mais il a préféré se consacrer à son oeuvre originale A la poursuite de demain, en déclinant aussi la réalisation du nouveau Star Wars. C'est Christopher McQuarrie qui se retrouve derrière la caméra et retrouve son ami Tom Cruise, après Jack Reacher en 2012. On va ressentir la différence entre les deux réalisateurs et même si le film est un bon divertissement, il reste en deçà du précédent.
Le film s'ouvre avec la fameuse scène où Tom Cruise est accroché à un avion en plein décollage. Il effectue cette cascade lui-même par huit fois pour que son réalisateur Christopher McQuarrie est assez de prises pour rendre la scène impressionnante. Son sens du sacrifice est émouvant, la scène beaucoup moins et donne le ton du film, ce sera plus James Bond, que Mission Impossible.
Après un quatrième opus, où l'esprit d'équipe était mis en avant, avec l'intronisation de Jeremy Renner. On se retrouve avec notre héros Tom Cruise de nouveau mis très en avant aux quatre coins du globe. Il va nous régaler avec ses cascades, démontrant qu'à 53 ans, il reste dans une forme olympique en exhibant fièrement son torse. Mais pas seulement, ce serait faire preuve de mauvaise foi de le réduire à son physique, il est aussi le seul acteur actuel à tenir un film sur ses seules épaules et il va le prouver dans celui-ci.
Le film repose sur Tom Cruise, mais aussi Simon Pegg et la nouvelle venue Rebecca Ferguson. Il y a une alternance entre ses numéros de soliste et les duos, devenant rarement des trios. De même que l'histoire enchaîne les scènes d'action, en prenant la peine de souffler un peu. Celles se déroulant au Maroc et en Autriche, sont les plus réussies dans deux styles différents. On fera l'impasse sur les incohérences du scénario (comment Ethan Hunt était au courant de la présence de son adversaire à l'opéra de Vienne ?), ni sur les heureux hasards, qui sont évoqués au début du film, lors de la dissolution de l'équipe. On notera aussi l'incapacité des méchants à viser correctement dans un couloir, ils seraient capables de rater un éléphant dans une cabine téléphonique. Tout cela est bien sur inhérent à ce genre de film, cela reste du cinéma et donc un divertissement. Nous ne sommes pas là pour réfléchir, mais pour se détendre et avoir son lot d'émotions fortes.
En ce sens, le film rempli bien son cahier des charges, en donnant plus d'importance à l'action, au détriment de l'humour. Sean Harris incarne un méchant plus consistant, avec des motivations plus concrètes que son prédécesseur. C'est un adversaire redoutable, mettant constamment Tom Cruise en échec et se servant de Rebecca Ferguson pour en finir avec lui. C'est une femme ambiguë, on ne sait jamais vraiment pour qui elle travaille. Ce jeu de manipulation est une des autres réussites du film, même si ce n'est au final, pas très subtil. Mais peu importe, cela apporte un peu de piment et son entrée en scène est remarquable. Un personnage de femme forte, mais aussi la seule du casting ou presque.
C'est en toute discrétion que Ving Rhames avait fait son retour lors du volet précédent. Il a un rôle plus consistant dans celui-ci, mais rien de bien transcendant. Alec Baldwin fait son entrée dans la franchise, impossible de ne pas faire le parallèle avec son interprétation de Jack Ryan dans A la poursuite d'octobre rouge. Il a pris du galon et confirme sa deuxième partie de carrière réussie dans des seconds rôles efficaces. Simon Pegg continue d'apporter sa touche humoristique, sans jamais en faire trop. Jeremy Renner attend son heure, mais Tom Cruise ne semble pas prêt de lui céder sa place, tant il semble en pleine forme. Que l'on soit fan ou pas de l'acteur et même si ses serrages de mâchoires sont parfois pénibles, il ne se ménage pas pour offrir son lot de frissons aux spectateurs. Puis il y a cette impression depuis Tonnerre sous les tropiques, qu'il se lâche plus, ce qui se confirmera dans Rock Forever avec aussi Alec Baldwin. Bien sur, il garde tout sous contrôle, mais on s'amuse de le voir souffrir et surtout de se rater en glissant sur le capot de sa voiture. Un peu d'autodérision ne fait pas de mal et le rend plus humain, même s'il est censé mourir de nombreuses fois au cours du récit.
C'est un bon divertissement et le meilleur film d'action de l'été. Après, la concurrence ne fût pas très impressionnante, on a vu plus de ratages que de réussites. Protocole Fantôme m'avait donné envie de retourner dans les salles obscures pour suivre les aventures d'Ethan Hunt et son équipe de Mission Impossible. Face à la réussite de celui-ci, cela donne envie de voir la suite.