C’est reparti pour Ethan Hunt et sa dream team de choc sous la houlette, cette fois-ci, de Christopher McQuarrie dont Tom Cruise s’est entiché après leur fructueuse (et réussie) association sur Jack Reacher en 2012. En presque 20 ans de longévité, la saga Mission : Impossible a su évoluer en sachant plus ou moins se réinventer grâce au style de chaque metteur en scène alors à l’ouvrage (pour ce qui est des scénarios en revanche, c’est à peu près toujours la même rengaine), et devenue depuis un véritable festival Cruise accroc aux scènes d’action les plus invraisemblables et les plus spectaculaires, histoire de prouver qu’à plus de 50 ans, il en a encore dans le slip.
C’est justement sur le scénario et la mise en scène que ce Rogue nation a bien du mal à s’imposer comme la réussite exemplaire qu’on a cherché à nous vendre. L’intrigue ne fait qu’assembler et compiler tous les habituels gimmicks de la pentalogie (manipulations, infiltrations, masques, cascades et poursuites en tous genres…) sans jamais en tirer avantage ni éviter les grosses ficelles d’une intrigue standard zappant trop facilement plaisir manifeste, suspens corsé et final acceptable. Surtout, la réalisation de McQuarrie paraît bien sage, limite impersonnelle, quand on voit ce que ses prédécesseurs ont réussi à déployer en termes de flamboyances, d’obsessions et de caractère (Woo et De Palma en particulier).
Autre point négatif (inhérent à presque tous les épisodes, sauf peut-être pour le premier et le troisième), un méchant insignifiant qui n’aurait rien compris du célèbre adage d’Alfred Hitchcock ("Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film"). Sean Harris, pourtant formidable dans la série Southcliffe (formidable elle aussi), peine à donner consistance et cruauté à son personnage de super terroriste à lunettes quand, par exemple, Philip Seymour Hoffman parvenait à nous glacer les sangs d’un seul regard. La vraie bonne surprise de ce nouvel opus vient de Rebecca Ferguson, impétueuse et touchante à la fois, dans un rôle d’agent trouble (et troublante) qui, en quelques scènes, réussit à voler la vedette à un Cruise increvable (capable de survivre, à la suite, à une noyade, un accident de voiture puis une chute à moto) et professionnel jusqu’à la transparence.
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