American Pie sur des roulettes ?
Comédie Alien venue de contrées inexplorées, le film traite du handicap de la plus inattendue des manières : via le sexe. Un sujet très peu exploré surtout sous cette forme. En résumé, c’est l’histoire de 3 garçons souffrants d’handicaps qui veulent se dépuceler et que l’on va suivre dans leur road trip vers une maison close. Tout un programme !
Evidemment, ce n’est qu’un prétexte, comme souvent le voyage est plus intéressant que la destination, et le film délivre bien plus de messages que celle de la simple envie d’expérience sexuelle.
Tiré d’une histoire vraie (eh oui !), le film retrace l'odyssée d’Asta Philpot (le Scotty du film incarné par un Grant Rosenmeyer impérial) qui arriva à convaincre deux potes de faire LE voyage vers le nirvana, celui qui changera leur vie. Son histoire a déjà fait l’objet d’un documentaire à succès et d’une première adaptation filmique chez nos amis belges. C’est au tour des américains et du cinéaste indépendant Richard Wong de s’y coller et le moins qu’on puisse dire est que la mission est réussie. Sa patine d’indépendant donne au film une subtilité loin des canons hollywoodiens. En termes de cinéma et de réalisation, on est plus proche d’un « Patients » que d’un « American Pie ». L’analogie à la France n’est pas innocente, vous retrouverez pas mal de chansons françaises dans la bande originale dont une reprise des Poppy’s qui sera comme un baume revigorant pour les plus âgés d’entre vous ;)
« Mission Paradis » est avant tout une comédie initiatique.
Le film dynamite tous les clichés pathos en évitant l’apitoiement systématique et la surenchère lacrymale pour nous livrer des portraits d’humains fouillés, singuliers et terriblement attachants. Jamais vulgaire, dépassant allégrement son matériau de base, « Mission Paradis » n’a pas peur de regarder son sujet en face et de le tutoyer, ne cédant rien aux travers et aux failles de ses personnages. Insolent et impertinent certes mais l’intelligence du film est résumée ici : on ne rit pas des personnages, on rit avec eux.
Filmant avec finesse ses personnages et leur histoire, la caméra du réalisateur ne se prive pas d’être ambitieuse, clairvoyante et efficace. Richard Wong délivre de l’émotion plus rapidement qu’un livreur Deliveroo, à la manière d'un jet continu de crème chantilly lorsque vous appuyez sur son diffuseur. Plaisir immédiat, intense et mémorable. Et tout ça au prix d’un simple ticket de cinéma.
Quant aux personnages, ils sont merveilleusement caractérisés et incarnés. Les acteurs sont épatants, d’une justesse folle, avec une mention spéciale à un Grant Rosenmeyer cynique, caustique, terriblement incisif et fatalement très émouvant. Hayden Szetoe et Ravi Patel ne sont pas en reste d’autant que ce dernier apporte un côté décalé à l’ensemble. Ce trio complété par l’épatante Gabourey Sidibe parachève un casting fou et parfait.
Mission accomplie !
« Mission Paradis » porte bien son titre français car vous allez être aux anges, le cœur chaud du petit trésor que l’on vient de poser entre vos mains, un sourire scotché au visage.
« Mission PARADIS » est LE film qui doit vous décider à retourner en salles - si ce n’est pas déjà fait - celui qui va vous accueillir de ses bras moelleux. A la fois drôle, émouvant, caustique, c'est une totale réussite dans la lignée d'un « Patients » ou de « Un grand bain ». « Mission Paradis » est une petite bulle de fraîcheur et de tendresse ! On ressort de la salle avec des paillettes dans le cœur et des perles de larmes nichées au coin des yeux. Que ça fait du bien en ce moment !
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