⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Dès la première image, on comprend le sujet du film, la ségrégation : on se trouve face à deux lavabos différents, un lavabo pour les blancs, moderne, un plus traditionnel pour les "colored", à savoir les noirs. On est dans le sud des Etats-Unis en 1964, plus précisément dans le Mississippi. Trois militants des droits civiques (deux blancs et un noir) ont disparu et deux fédéraux viennent alors enquêter pour résoudre cette affaire. A noter que le film est une fiction mais qu'il s'inspire de faits qui se sont réellement produits en cette année 1964.

Alan Parker met dans son œuvre l'accent sur le racisme profond répandu dans le sud des Etats-Unis de l'époque, qui se manifestait par la ségrégation (toilettes séparées, tables différentes au restaurant, "églises" différentes), mais aussi par les actions violentes des membres du Ku Klux Klan, avec le soutien tacite d'une majorité de la population blanche : on brûle les églises ou maisons des communautés noires, on menace les noirs, on les violente et on les assassine si nécessaire (passages à tabac, lynchages), sans que la police locale fasse quoi que ce soit puisqu'elle soutient voire participe à ces actions.

Les militants de la suprématie blanche et de la ségrégation se baladent librement avec le drapeau sudiste sur leur voiture. Les autorités locales (maire, shérif), même si elles s'en défendent, soutiennent le mouvement, voire en font partie. C'est là ce qui restait d'une Amérique conservatrice, où les blancs et les noirs ont des places et des rôles séparés, de même que les hommes et les femmes. Une Amérique profonde où le racisme se manifeste aussi envers les catholiques, les juifs, les "orientaux". Alan Parker présente même les reportages de journalistes américains révélant les clichés de nombreux blancs sur les noirs qui seraient différents, ne se laveraient pas, pueraient, seraient hargneux, etc.

On se trouve donc dans un comté du vieux sud puritain, un comté sans alcool où le shérif et les membres de la police locale sont corrompus et membres ou proches du KKK, où l'on est farouchement anticommuniste, on l'on déteste les autorités fédérales, où le juge présente même les agents du FBI comme des "étrangers", où les blancs pensant différemment sont rares car tous ont été élevés ainsi, comme l'évoque la femme du shérif adjoint, incarnée par Frances Macdormand : "on ne naît pas avec la haine. On l'apprend" (on leur apprenait que la ségrégation était inscrite dans la bible).

Rares sont donc les gens pensant différemment à l'époque, le salut, si j'ose dire, ne venant pas ici des habitants, de blancs militants (qui viennent plutôt du nord) ou des noirs, ici résignés, du fait de la peur instillée au quotidien par le KKK. Non, le salut, dans cette affaire, vient de policiers fédéraux sensibles à la question de la justice, quelle que soit la couleur de peau. Deux agents du FBI, dont l'excellent Gene Hackman, très différents l'un de l'autre, souvent en conflit avec leur perception différentes des choses et leurs méthodes opposées durant cette enquête plus que délicate.

La musique du film est très bien adaptée, avec pour commencer une chanson de Mahalia Jackson, puis une musique annonçant parfaitement les tensions et la dimension dramatique du film.

Mississippi Burning est donc film engagé passionnant, terrifiant même quand on voit que les membres du KKK ne sont pas forcément des exaltés ou des fous mais souvent des gens ordinaires. Un excellent film qui reste encore d'actualité quand on se souvient que l'élection d'Obama en 2008 a été accompagnée de nombreuses menaces et de croix brûlées comme au temps de la "période faste" du KKK.
socrate
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Chroniques du racisme ordinaire, Mon éclectisme, Quelques films qui mériteraient d'être davantage connus et J'aime bien l'affiche

Créée

le 17 juin 2011

Critique lue 6.8K fois

60 j'aime

15 commentaires

socrate

Écrit par

Critique lue 6.8K fois

60
15

D'autres avis sur Mississippi Burning

Mississippi Burning
Anomaly
8

Au cœur de la tourmente.

Mississippi Burning, nous remet en mémoire la sombre époque, pas si lointaine, où la ségrégation américaine faisait rage. Inspiré de la tragique histoire de trois jeunes gens disparus en 1964 dans...

le 20 mai 2016

65 j'aime

10

Mississippi Burning
socrate
9

Une face cachée du rêve américain

Dès la première image, on comprend le sujet du film, la ségrégation : on se trouve face à deux lavabos différents, un lavabo pour les blancs, moderne, un plus traditionnel pour les "colored", à...

le 17 juin 2011

60 j'aime

15

Mississippi Burning
Eren
8

Search for truth

Deux agents du FBI complémentaires, l'un pour l'autre. Une affaire étouffée par la communauté locale. Willem Dafoe a de l'énergie à revendre. Quant à Gene Hackman il parvient, comme d'habitude, à...

Par

le 17 févr. 2014

33 j'aime

6

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 12 avr. 2012

171 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

136 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22