Roger Corman est presque devenu synonyme de ces petites productions fauchées tournées en moins d’une semaine qui compensent par une nervosité de chaque instant un manque criant de moyens. Producteur émérite qui révélera bon nombre de réalisateurs et de comédiens (Coppola, Nicholson, Scorsese, Dante…) et qui offrira dans le fantastique fauché une seconde jeunesse aux plus anciens (Peter Lorre, Basil Rathbone, Boris Karloff, Vincent Price…) il est tellement célèbre comme producteur qu’on en oublie parfois qu’il a réalisé lui-même quelques-unes de ses productions parmi les plus notables…
Ici, le haut du panier, si, si, presque huit jours de tournage, c’est vous dire, pour raconter la vie d’un truand célèbre de la grande dépression, George R. Kelly, gros pleutre superstitieux et stupide à faire peur qui se fit un nom sanglant grâce à son arme fétiche, forcément pas des plus finaudes…
Alors, c’est rythmé, c’est sûr, avec la musique qui va avec, aucun temps mort, impossible même au brave spectateur exceptionnellement alourdi par quelques bières de s’en aller se délester aux gogues l’air de rien, faut tenir l’heure vingt-cinq réglementaire jusqu’au bout, quitte à s’endormir sur la fin par l’effort trop longtemps exercé sur le détrusor et à rater quelques micro-secondes de l’assaut final…
Mais tout de même, à un moment, ça reste prodigieusement mineur comme machin, presque lassant de nervosité, et le personnage principal atteint de tels degrés de bêtise qu’il en perd très vite tout intérêt, surtout que ce brave Charles Bronson n’a pas encore les épaules suffisantes pour porter tout le film, même s'il cabotine déjà des rides frontales avec une énergie farouche. Reste alors la poule du héros, Susan Cabot, touchante de perversité qui parvient à maintenir parfois mon attention éveillée, ce qui ne lui portera pas forcément chance pour son avenir propre d’ailleurs…
A noter quelques petites touches amusantes, comme l’impression que le budget fournissait bien quelques bagnoles d’époque mais pas les costumes qui vont avec, le sentiment qu’il fallait absolument rentabiliser un puma qui passait par là et la ressemblance plus ou moins frappante entre un second couteau et un chanteur français dont le nom m’échappe à nouveau avec une constance qui force l’admiration.
Sinon, il y a probablement six ou sept milliers de films plus intéressants à voir avant celui-là…