J’ai une sorte de fascination pour la série Gundam. Et pourtant, je l’ai seulement touchée du doigt. Comme tant d'autres, je l'ai connue grâce à l’adaptation française de Gundam Wing, diffusée en fin d’après-midi pour les adolescents en manque de sensations sur M6 en 2002. J’avais adoré. Des gros robots qui se tapent dessus, toute une équipe soudée, un contexte intéressant derrière ; autant de choses qui ont marqué l’adolescent à qui il restait encore quelques boutons. Et le jeu de combat sur Super Nintendo, Shin Kidō Senshi Gundam W: Endless Duel, auquel je jouais en émulation, était excellent.
Et pourtant, plus de 15 ans après, je n’avais jamais retouché à un dérivé de Gundam. J’ai bien acheté quelques mangas, sans jamais les avoir encore lus. La raison ? Une certaine appréhension, quand je me suis rendu compte de l’univers tentaculaire de cette série, avec sa chronologie officielle et ses univers dérivés ou parallèles. Par où commencer ?
Et puis, un beau jour, j’ai étouffé ses voix de frileux. Et j’ai acheté Gundam F91. Oh, pour pas grand-chose. Mais un achat dans l’inconnu, sans savoir où j'allais, tel un aventurier des temps modernes. Gundam, je reviens vers toi ! Amuse-moi ! Sauf que…
Gundam F91 vous présente, en gros, à ma gauche, Seabook Arno, enrôlé de force dans la Fédération pour piloter un nouveau modèle de Gundam après que Frontière-4, une colonie spatiale ait été attaquée par les troupes de Crossbone Vanguard. A ma droite, Cecily, l’amie d’enfance de Seabook, capturée pendant cette attaque, et qui se révèle être la fille des Ronah, aristocrates derrière l’assaut, et qu’elle va rejoindre. Le grand-père Ronah désire que l’humanité évolue dans l’espace, coupant son lien avec la Terre. Des ambitions nobles mais arrogantes, que son fils pervertit. La Fédération, quant à elle, se retrouve livrée à elle-même et entrant en résistance, la Terre se moquant de ce qu’elle considère comme des chamailleries. Elle n’a pas pour autant le beau rôle, ses officiers forçant Seabook à devenir pilote ou se distinguant par leur caractère désagréable. Le film échappe au manichéisme, c’est gentil de sa part.
Cette profondeur dans l’arrière-plan va de pair avec une forme complètement réussie. Le film date de 1991. Il a très agréablement vieilli. Peut-être quelques designs un peu fades, un peu vieillots. Mais quelle animation ! La scène d’ouverture, avec cette attaque de la colonie, est entraînante. La violence des combats n’a d’égale que la fuite en avant de Seabook et de ses amis. Le reste du film a beau conserver une certaine unité graphique, il perd de cette intensité.
La raison en est simple. Gundam F91 devait être une série télévisée, relançant la chronologie avec de nouveaux personnages. Sauf que les producteurs ont fait la triste mine, et que la série s’est transformée en film de 2h. Le résultat ? Un condensé trop souvent indigeste. Les personnages sont nombreux, potentiellement intéressants, mais le scénario ne laisse que rarement la chance de les développer. Certaines ellipses sont grossières, on sent le gros ciseau derrière. Et, alors que la série devait attirer de nouveaux arrivants, le film, brut de pomme, ne leur offre que peu d’explications sur le contexte de cet univers.
Quel gâchis. Alors que le métrage avait de sérieuses ambitions, autant sur la forme que sur le fond, nous avons eu droit à une œuvre incomplète, monté au chausse-pieds. Imaginez-vous regarder une série en format accéléré. Gundam F91 devait permettre l’exploitation d’une nouvelle branche de l’univers, son manque de succès lui ôta la seconde chance de raconter son histoire dans une nouvelle série animée.
Tant de temps à attendre pour retrouver ces grands robots animés, et mon attente n’est même pas récompensée. Ô toi Simply Smackkk du passé, à la veste trouée, aux cheveux en pics, à la pilosité balbutiante, pardon, tu méritais mieux que ça après Gundam Wing. Mais je vais me rattraper !