Mobile Suit Gundam Narrative
5.8
Mobile Suit Gundam Narrative

Long-métrage d'animation de Shunichi Yoshizawa (2018)

Unicorn se suffit à lui-même et n’avait nulle besoin d’une suite aussi mauvaise que ce film. N’espérez pas revoir les protagonistes de l’OVA tel que vous avez pu les apprécier : Mineva apparait quelques secondes pour se montrer désagréable avec un méchant politicien, elle ne bouge pas de sa salle du trône vide et ne sert à rien. On voit Zimmermann mais il ne fait rien de spécial non plus ; idem pour Martha, qui ne ressemble même plus physiquement au personnage d’Unicorn. Banagher use un MS quelques secondes et prononce son éternel « even so » dans un contexte où cette phrase ne signifie rien. Riddhe a disparu, le Banshee aussi.


C’est le contenu même d’Unicorn qui est décrédibilisé. On voit un nouvel exemplaire du Neo Zeong, piloté par un méchant franchement stupide, à qui on injecte un vague passé douloureux en en faisant une version ratée de Frontal mais qui reste dénué de tout intérêt, et qui se fait d’ailleurs d’abord voler son Neo Zeong au bout de quelques secondes lors de sa première utilisation.


Les relations entre les trois protagonistes auraient pu produire quelque chose d’intéressant, mais tout s’enchaîne trop rapidement dans le film. Il est difficile d’éprouver quoi que ce soit lors des moments dont on devine qu’ils étaient censés être émouvants. Lors des premières scènes, les sibyllines paroles de sagesse de ces personnages annoncent la couleur : le film essaie de produire une sorte d’interrogation sur l’âme et sa vie après la mort (peut-on d’ailleurs le lui reprocher vue la fin d’Unicorn ?) mais les éléments de réponse fournis, la manière dont ils sont amenés, sont grotesques. Banagher a certes poussé la magie Newtype assez loin dans l’OVA. Mais pas au point que


des fantômes puissent conduire des MS.


Il n’y a rien de mal à centrer une intrigue sur les pouvoirs des Newtypes, et à susciter par là une réflexion qu’on peut qualifier de « métaphysique ». Mais il n’y a ici aucun effort pour mener précisément, ou même simplement de manière cohérente, une telle réflexion. Est-il finalement question dans ce film de vie éternelle ? De réincarnation ? De fusion des âmes après leur mort ? Que signifie l’idée introduite d’une compréhension totale du temps ? Je doute que beaucoup de spectateurs y aient compris quoi que ce soit.


Ironie du sort, un film nommé « Narrative » présente une intrigue épouvantable. Pour donner une impression de progression, le film va jusqu’à reproduire plusieurs fois les mêmes flashbacks, en y ajoutant à chaque fois quelques nouvelles lignes de dialogue, comme si les personnages se rappelaient sans cesse soudainement d’un mot en plus.


Notons aussi que le film aurait pu se terminer plus vite si le protagoniste ne rendait pas le Neo Zeong dont il venait de s’emparer sans même le vouloir, et si le Phenex ne s’en allait ensuite pas mystérieusement pour revenir tout aussi mystérieusement pour combattre le méchant à la fin (ce méchant qui aurait pu disparaître à la moitié du film).


Que dire du fait que le film repose dans son entièreté sur l’existence d’un troisième modèle de RX-0, étrangement totalement absent d’Unicorn ? Cela ne peut se justifier en rien, tant l’apparition du second modèle jouait déjà un rôle significatif dans l’intrigue. Second modèle qui a, comme déjà mentionné, totalement disparu ici. Quant à l’Unicorn de Banagher, on apprend qu’il a été démantelé. Puis, que ce n’est pas vrai. Et au final,


on le voit sous scellé, ce qui revient à peu près au même. Pourquoi Banagher ne peut-il plus utiliser son Unicorn ? Quel que soit le danger des psychoframes, Banagher apparait à la fin de l’OVA comme un « Newtype accompli » (selon les mots de Riddhe). Quel danger y a-t-il à le lui laisser ? Et qui aurait la force de le contraindre à s’en séparer ?


Finalement, les meilleurs passages du film sont ses quelques extraits de Zeta, ZZ, et CCA. A ce propos, on ne comprend pas très bien pourquoi Stephanie Luoi, qu’on voyait déjà dans Zeta, est à présent si pressée de collaborer avec les Titans.


L’animation ne relève pas le niveau du film. Les traits des personnages semblent dessinés à la va-vite. Les scènes de combat sont impossibles à suivre. On n’y trouve plus la précision d’Unicorn. Ce ne sont que des explosions et une multiplication de lasers donnant l’impression qu’il se passe quelque chose, le tout accompagné d’une bande-son au mieux oubliable, au pire franchement gênante (la musique pop-rock qui accompagne l’entrée en scène du Gundam, et qu’on entend malheureusement ensuite encore deux fois dans le film, est vraiment embarrassante). Si vous êtes le type de spectateurs à considérer que l’animation est bonne parce qu’il y a plein de flashs lumineux, vous serez sûrement également ravis par ces quelques scènes de fanservice, vers le début du film, où l’on voit deux des protagonistes chez eux en sous-vêtements. Pour les autres, tenez-vous en à Unicorn, il n’est pas utile de chercher à en connaître la suite.

DAnselme
3
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le 5 mars 2024

Critique lue 28 fois

DAnselme

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