Je vous l’avais dit, M. Aryan, dans la bataille entre l’amour et la peur, la peur l’emportera toujours. Je vous avais dit que j’allais gagner M. Aryan, je vous l’avais dit.
Mohabbatein a été un gros succès du box office indien des années 2000. Selon les codes du masala, il mélange les genres : romance, drame, comédie et passe d’un registre à l’autre sans crier gare.
Ce film est dit s’inspirer du film Le Cercle des poètes disparus, si on peut trouver un lien entre les deux films, ils sont cependant bien différents tant par la forme que par le fond. Le nœud des deux intrigues n’est pas exactement le même.
Narayan Shankar (Amitabh Bachchan) règne en maître absolu sur une école qu’il dirige avec fermeté, rigueur, dureté et froideur. Un jour arrive un jeune homme, Raj Aryan Malhotra (Shahrukh Khan), un professeur de violon qui propose ses services à l’école. Sa capacité de persuasion convainc le redoutable directeur. Dès lors les deux hommes vont s’affronter dans une relation qui connaîtra des tournants et des évolutions.
Une scène est emblématique de la personnalité des deux hommes. Chaque matin, Narayan fait la salutation au soleil, il se tient devant lui comme un glaçon et on se prend à espérer que le soleil finisse par le faire fondre. Mais il se tient devant lui pour le défier, il le regarde dans les yeux pour s’assurer qu’il est plus fort que lui. Orgueil énorme, qui cache une fragilité cherchant à se protéger et à se rassurer. Un matin, Raj Aryan vient à ses côté et salue lui aussi le soleil, il ouvre les bras et sourit béatement. Son attitude est inverse de celle du directeur. Il salue le soleil en se « prélassant », il accueille sa lumière, sa chaleur, sa vitalité. Ce sont deux attitudes à l’opposé l’une de l’autre. Alors que Narayan lutte de toutes ses forces pour fermer les portes de son école à la vie, la fantaisie, la vitalité ; Raj Aryan ouvre les portes et fait entrer le soleil. L’un campe le pouvoir de la peur, et l’autre le pouvoir de l’amour. Ce sont deux vents contraires qui s’affrontent.
Cependant, on devine très vite que la personnalité si différente de l’un et de l’autre n’explique pas tout. Il existe entre eux un lien secret qui rend leur affrontement bien plus dramatique qu’il n’en a l’air au premier abord.
Mohabbatein est déconseillé aux personnes allergiques aux Bollywood. Il offre quatre romances pour le prix d’un seul film ! Il en compte même cinq si on compte une histoire d’amour secondaire, traitée sous l’angle de la comédie, qui se faufile au milieu des autres, De plus, ces romances sont écrites selon les codes de l’amour indien : les amoureux s’en envoient plein la figure pendant une bonne partie du film et se giflent allégrement ! C’est ainsi que les indiens se représentent l’amour idéal. Par ailleurs, le film comporte de nombreuses scènes dansées et chantées, elles sont survitaminées. Elles raviront ceux qui aiment voir l’énergie qui se dégage des indiens quand ils dansent mais feront fuir les personnes qui ne vibrent pas à ce mode d’expression.
Ce film souffre des limites habituelles du genre, ou plus exactement de ce que les occidentaux perçoivent comme des limites : durée, aspect caricatural des personnages, intrigue prévisible, manque de subtilité, aucune recherche de vraisemblance : ici, Shahrukh Khan qui est professeur de violon ne sait manifestement pas tenir un violon, mais ce n’est pas le genre de souci des productions bollywoodiennes qui ne s’encombrent pas de pareils détails !
Mohabbatein réunit deux géants du cinéma indien : Amitabh Bachchan, et Shahrukh Khan, le King de Bollywood. C’est un plaisir de les voir se donner ici la réplique.
Vous avez gagné toutes les batailles de la vie, mais vous avez perdu tout ce pour quoi il valait la peine de vivre.