« Moi Christiane F 13 ans droguée, prostituée… » un livre et un film culte ; un livre puis un film qui ont marqué une génération – la mienne.
J’ai lu le livre quasiment à sa sortie et pareil pour le film et quand on a une douzaine d’années (un peu plus pour le film, cela remue).
Un choc comme l’était déjà dans un autre genre le livre « Le pavillon des enfants fous » de Valérie Valère, sorti quasiment à la même période (un peu plus tôt pour être précis).
Et connaissant bien Berlin les endroits cités me sont familiers même si certains comme le Sound n’existe plus (j’y ai fait plusieurs séjours en 1986 et 1987 et on peut presque y dire que j’y ai vécu !)
Le film « Moi Christiane F » est une retranscription fidèle du bouquin.
On suit la descente aux enfers de Christiane et sa bande (livrés à eux-mêmes), descente aux enfers très bien mise en scène par Uli Edel ; des comédiens – jeunes évidemment - remarquables (mention spéciale à Natja Brunckhorst sublime et qui crève l’écran).
Berlin 1975 : l’héroïne fait son apparition et se répand comme une traînée de poudre chez les jeunes désoeuvrés.
Un film réaliste, certains diront racoleur (je ne trouve pas que le terme soit approprié dans la mesure où l’on traite un tel sujet, les scènes qu’on pourrait qualifier de telles ne faisant que reprendre celles du le livre), donc pour moi le réalisme est plus fort que le côté « voyeur » du film. Après le film est dérangeant, glauque (comme l’avenir de beaucoup de jeunes berlinois à l’époque), sombre là-dessus rien à dire. C’est le but aussi de montrer des choses pas toujours reluisantes, ou bien on ne va au cinéma que voir des romances à l’eau de rose. Ce film est surtout et avant tout un témoignage bouleversant sur une réalité que beaucoup préfèrent ignorer. Les scènes se déroulant sur les quais du métro où des dizaines de junkies zombies quasi fantômes attendent adossés au mur on ne sait quoi, sont assez pesantes.
Des dizaines de toxicos, très jeunes, souvent de moins de quinze ans, voulant s’échapper d’un univers qu’ils jugent sans intérêt et sans avenir et qui préfèrent se réfugier dans la drogue (rappelons que la plus jeune victime Babsi avait 13 ans) et se prostituer pour payer leurs dose - filles comme garçons - en plein centre de Berlin à la vue de tout le monde (à la gare du zoo ou sur le Kudamm, les Champs Elysées de Berlin) : drogue, prostitution, une jeunesse perdue, paumée, le tout dans une quasi indifférence, même s’il y eut bien deux ou trois procès ! Autre époque, autre mœurs…je ne suis pas là pour juger mais rappelons quand même que Berlin était une ville vraiment à part. En effet dans les années 70 Berlin est coupé en deux en pleine guerre froide, les prix de l’immobilier sont très bas, personne ne veut vraiment habiter là-bas et la ville devient le « repaire » des artistes, des squatteurs, des zonards, des drogués, des déserteurs…de tous ceux qui ont quelque chose à fuir. Une ville d’Europe complètement coupée du reste et dont l’Allemagne de l’Ouest ne sait trop que faire ! Une ville qui a inspiré notamment Bowie, bien sûr, mais aussi Nina Hagen qui dès 1978 chantait « Auf ‘m Bahnhof Zoo » – rappelons que la traduction française du film n’a absolument rien à voir avec le titre original allemand : Wir, Kinder vom Bahnhof Zoo (nous les enfants de la gare du zoo).
A noter la très bonne B.O de David Bowie avec des titres issus des albums de Station to Station à Lodger (et majoritairement issus de ce qu’on a l’habitude d’appeler sa période berlinoise) mais ils sont bien utilisés en adéquation avec le film (notamment Station to Station, Heroes, Look back in Anger et surtout Sense of doubt).
Un film dérangeant, qui ne peut laisser personne indifférent et surtout un film réaliste sur un sujet qui souvent a été mal traité au cinéma (la drogue au sens large).
Cela vaut objectivement 7/10 mais le film particulièrement m’ayant touché je mets 8/10

nico94
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le 12 déc. 2019

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nico94

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