Critique (un peu provoc) du film « moi Daniel Black »

Les personnages sont des caricatures du pauvre ce qui nous divisent en 2 types de public :

-ceux qui y voient une SF vexante et misérabiliste

-ceux qui pensent observer la réalité (pour dire le film a été primé Palme d’Or à Cannes)

Dans le film Moi Daniel Black, les institutions, les dispositifs écrasent les hommes, sauf qu’à la différence des 12 travaux d’Astérix avec la maison qui rend fou, les personnages de K.Loach ne trouvent aucun moyen de contourner le système ou de s’en extraire. Une solidarité bien maigre se met en place entre les protagonistes à l’agonie. Aucune possibilité de pouvoir d’agir n’émerge des tentatives désespérées, irrémédiablement broyés par un système kafkaïen, représenté par des guichetiers pôle emploi sans âme et sans logique, qui répéteront en boucle à Daniel « it’s not enouth ». Le mythe de Sisyphe revisité par K.Loach obligea les protagonistes à s’adapter à chaque passage de cette énorme boule de caca administratif, complémentée d’une situation dramatique à gérer (ici un pauvre Mr qui a perdu l’amour de sa vie, ici un enfant malade, ici une mère qui se prostitue…).

La tentation est grande en terminant ce film, de simplement s’apitoyer sur le sort pathétique des précaires. De ne leur attribuer qu’une vie remplit de souffrances, douleurs et frustrations. Quel est l’intention du film ? A part recevoir de nombreux prix d’un jury qui a peut-être découvert la précarité à l’occasion du visionnage. Il n’a en tous cas pas été l’occasion d’une prise de conscience, de mobilisation des foules. On n’a pas vu le jury du festival battre le pavé et exiger un système plus social.

Cette vision ne servirait t-elle pas à maintenir l’ordre social, tel que décrit dans 1984 de G.Orwell et qui contraint un temps les membres de la classe laborieuse de tenir à leur poste en montrant du doigts d’extrême précarité de ceux qui vivent exclus du système ? Orwell va néanmoins plus loin en amenant son personnage Winston Smith, Anglais également, à vivre parmi ces précaires et y découvrir la solidarité, les sources de joies, voir la certaine liberté dont jouissent ses membres. Qui rend même envieux le héros, supposément mieux loti.

On se rend alors compte de l’utilité pour la classe dominante de ne dépendre qu’un tableau misérabiliste pour garantir un ordre social. Et K.Loach nous offre ses compétences pour le faire.

« Moi Daniel Black » n’appelle pas à la révolte mais à l’apitoiement. Voir la docilité.

MelanieGirard
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le 19 nov. 2021

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Melanie Girard

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