Palme d'or Bould'hum (bouleversant d'humanité)

Bon, aucune critique négative pour l'instant, je me sens obligée de faire part de mes réflexions, sur ce film, qui, selon moi, n'a absolument pas "l'étoffe" d'une palme d'or, ni même d'un bon Ken Loach.


J'aimerais rappeler que c'est la deuxième année consécutive que le jury récompense un film "engagé" qui met en scène des petites gens qui luttent pour se faire une place dans ce monde de merde, froid et individualiste, "rhalala que c'est dur la vie quand on n'a pas d'argent". Deephan racontait l'histoire d'une famille recomposée de migrants (un ancient soldat, une femme, et sa fausse fille adoptive). Moi, Daniel Blake, c'est un peu la même chose, sauf qu'ils ne sont pas migrants mais juste pauvres (en gros).
C'est assez étrange qu'à Cannes, grosse vitrine d'une certaine idée du cinéma et du luxe, des films comme cela aient été sacrés crème de la crème du 7ème art. C'est comme si, après une semaine à se soûler au champagne, les membres du jury s'étaient sentis coupables d'autan de débauche et avaient été émus par les vie simples des chômeurs et rmistes (au fond si exotiques pour eux). Choisir ce film comme palme d'or relève de la bienpensance totale, ainsi qu'une certaine hypocrisie qui me fatigue.
Ce qui m'a horripilé, c'est le fait que personnages sont uniquement caractérisé par leur pauvreté. Ils sont plats, gentil, sans reliefs. le réalisateur veut faire le portrait de gens simples, modestes, sans prétentions. Sauf que. La caméra ne les fait pas grandir, on s'apitoie sur leur sort, mais on ne le partage pas. Le personnage féminin passe son temps à pleurer et à trembler: elle coche toutes les cases du cliché de la pauvre mère courage. C'est pas parce qu'on est pauvre qu'on a toujours l'air de porter toute la misère du monde sur ses épaules! Sortons un peu des sentiers battus, des personnages pré-établi. Toutes les scènes où elle intervient sont pathétiques, tire-larme au possible, et gênantes. Au final, il y a un fossé entre Daniel Blake et nous. Si on pleure, c'est par pitié. On ne souffre pas avec lui, il est loin de nous. Le spectateur ne peut que le plaindre.
Pour moi, un film engagé fait fondre les barrières de classe et redonne de l'espoir, de la dignité. Ce film veux qu'on s'apitoie, et non pas qu'on s'insurge.
C'est soit disant une critique acerbe du système de Pôle emploi Anglais. Non. On s'y interresse 20 minutes au début et après on re-tombe dans du conte asthénique réchauffé au micro-onde. Les personnages de l'agence sont esquissé en deux minutes, ils sont caricaturaux au possible et surtout, la critique s’arrête très, mais très très vite. En gros, c'est des connards qui n'aident ni Daniel, ni Katie. On ne va plus loin dans la critique , on ne remonte pas à la source réelle des vrais dysfonctionnement d'un tel système. C'est lisse, on ne se fâche avec personne, on reste bien dans les clous.
Les dialogues sont extrêmement didactiques. On imagine bien le scénariste se dire " Ah oui, et là il faut placer telle information sur le personnage principal pour que le spectateur comprenne bien de quoi on parle". La mise en scène est quasi inexistante, tout semble fait pour que le spectateur comprenne bien ce qu'il se passe
L'image est plate, voir moche. Le pire est le moment du pseudo-geste révolutionnaire de Daniel Blake: c'est filmé comme une caméra caché, ou alors une de ces vidéos sur youtube "ce que va faire cet homme va vous surprendre". On y croit tellement pas que ça en devient gênant.
Le montage n'est pas mauvais, le rythme est assez soutenu, mais les ellipses de la fin expédient le film en deux temps trois mouvements, ne laissent pas le temps de l'histoire de bien se refermer.
Bref, un bien mauvais film, oscillant entre le mélo écœurant de complaisance, et le voyeurisme "engagé". Ken Loach me déçoit par son manque de fougue.
Point positif quand même : le personnage de Daniel est sympathique, l'acteur joue plutôt bien.

Poison_Ivy
3
Écrit par

Créée

le 13 juil. 2016

Critique lue 2.7K fois

28 j'aime

Poison_Ivy

Écrit par

Critique lue 2.7K fois

28

D'autres avis sur Moi, Daniel Blake

Moi, Daniel Blake
Sergent_Pepper
4

Les arcanes du film social

Un atelier d’écriture de la salle communale de Newcastle. Table en formica, chaises décaties, des gâteaux secs, une fontaine et des gobelets en plastique. -Bon, on sait tous comment Ken fonctionne,...

le 29 oct. 2016

120 j'aime

32

Moi, Daniel Blake
PhyleasFogg
8

Moi, Ken Loach....

Je vous demande pardon d'avoir décroché cette palme d'or qui aurait dû revenir à un véritable Artiste de l'esbroufe et de la pseudo subtilité niaise. Je m'excuse en m'aplatissant de vous avoir montré...

le 4 nov. 2016

79 j'aime

Moi, Daniel Blake
Theloma
8

Un homme de coeur dans un monde de fou

La droiture. Voici le mot - au sens propre comme au sens figuré - qui vient à l'esprit pour qualifier le personnage de Daniel Blake. Car il n'est pas question pour ce menuisier au chômage en lutte...

le 1 nov. 2016

75 j'aime

10

Du même critique

Harold et Maude
Poison_Ivy
3

NIAIS POWER

Mon dieu que c'est niais. Ce film n'a même pas réussi à m'arracher un sourire et le fait d'être dans une salle bondée de gens qui s'esclaffait à chaque remarque de Maude ou chaque suicide de Harold...

le 20 oct. 2013

10 j'aime

6

Une femme sous influence
Poison_Ivy
10

"You're acting crazy"

Ce qui me choque un peu en lisant les critiques, positives ou négatives, c'est que la plupart réduisent le rôle de Mabel à celui d'une mère de famille. Certes, Mabel est une mère qui s'occupe de ces...

le 29 oct. 2014

8 j'aime

2

Silence
Poison_Ivy
8

Une vielle BD cool et bien dessinée à lire les soirs d'hivers.

On dit que cette BD a assez mal vieilli. Le décor, la lande celte et maudite, la morale de l'histoire, les personnages (un muet tout gentil et maltraité, des animaux, des méchants fermiers tout...

le 12 juil. 2013

8 j'aime