Avec Moi, Moche et Méchant 4, le studio Illumination acte sans ambages en avoir terminé depuis longtemps avec son Gru et sa transformation en bon père de famille. Parce que le film semble tout simplement n'avoir plus rien à dire sur cette famille. L'ajout d'un fils ne change absolument rien à l'équilibre familial, prétexte pourtant formidable, et tout aussi commun, pour essayer de faire grandir Margo, Edith et Agnès, qui auraient pu concevoir quelque jalousie, par exemple, quant à l'amour que le nouveau papa porte à son fiston.
Il est terrible sur ce point de constater que les petites filles glissent au second plan, voire troisième, ne bénéficiant plus que d'une seule scène vraiment réussie et qui arrachera quelque sourire.
Le reste ? Illumination semble avoir grossi ses effectifs avec nombre de fonctionnaires besogneux mais sans aucune idée pour renouveler une saga entamée depuis, déjà, 2010. Car Moi, Moche et Méchant 4, s'il se suit sans grand ennui, ne se démarque cependant jamais, ou n'affiche un quelconque grain de folie, même du côté des Minions, qui font ce coup-ci pas mal de solo en mode super-héros transparents et très peu inspirés dans leur parodie.
L'intrigue principale, elle, en abandonnant les accents poétiques des débuts de la saga, n'aura jamais autant ressemblé une compilation de références et de détournements parfois mal digérés, comme par exemple cette poursuite dans un supermarché sur la musique immortelle de Terminator 2, emprunt qui n'aura jamais été aussi déplacé qu'aujourd'hui...
Dans le même registre, Moi, Moche et Méchant 4 semble faire du pied de manière fort insistante aux Indestructibles... Sans cependant ne serait-ce qu'approcher le génie des studios Pixar et la puissance de ses émotions.
Et s'il y a quelque chose qui sauve l'oeuvre, ce n'est pas le méchant lambda, tout issu de l'univers des Tortues Ninjas, ou ses motivations dignes d'une cour d'école, mais une petite apprentie vilaine grillant la couverture du Gru et, au passage, la politesse à l'ensemble des autres personnages jouant souvent en mode retrait ou surplace.
Car c'est elle qui porte sur ses épaules, mine de rien, le petit vent de fraîcheur que Behind attendait et fait de cette nouvelle suite un film sans surprise une oeuvre qui se laisse regarder, sans pour autant faire évoluer ses figures de proue. Au contraire d'un Kung Fu Panda 4.
Si même le masqué commence à se montrer plus méchant que ce vilain repenti de Gru, c'est que quelque chose ne va décidément plus au pays d'Illumination...
Behind_the_Mask, qui lui aussi devient moche et méchant.