Ce biopic romancé raconte l’ascension et la chute de Tonya Harding, prodige du patinage artistique de 1986 à 94, championne internationale et probablement olympique si on l’imagine sans les excès dont elle a fait preuve. Dressée plus qu’entrainée depuis ses 3 ans par la violence, la rigueur et l’insupportable tyrannie d’une mère sans cœur, jouée avec la mention bravo par Allison Journey, elle perpétue ce fonctionnement conflictuel, devenu encourageant voire vital, dans la brutalité de son couple. Tout en haïssant ce processus construit sur la haine, la compétition et l’égoïsme, ni lui ni la vulgarité de son entourage ne lui laissent d’autre choix pour ses performances et son dépassement.
Craig Gillespie consacre une grande partie du film à une interprétation de son écroulement professionnel par l’affaire Harding-Kerrigan en 94, en attribuant efficacement cette pathétique déconfiture aux plans foireux, à la médiocrité ambiante et aux copains bidons, bien plus qu’à de véritables malveillances. Hélas un incompréhensible style pseudo-burlesque truffé de pitreries speed et crispantes vulgarise tout du long actes, enjeux et personnages. Les plans s’enchainent d’une manière tellement saccadée, caricaturale et agitée, que malgré l’intérêt du sujet il est malheureusement impossible d’entrer dans le film un seul instant. Merci en tout cas à la sélection musicale qui m’a refait vibrer le cœur et les oreilles, malgré le peu de sérieux historique, encore, vu que j’écoutais ces morceaux dans les années 80 et non 90.