I, Tonya, raconte l’histoire touchante de l’atypique athlète Tonya Harding, son ascension difficile vers le sommet du patinage artistique mondial jusqu’au scandale qui provoqua sa chute. En plus du destin hors normes d’une des personnalités les plus détestées de son pays, ce biopic peint un portrait sans concession de l’Amérique “white trash” des années 70 à 90.
Le film propose aussi une réflexion interessante sur la vérité, surtout dans le climat des fakes news actuel. Il joue d’ailleurs cartes sur table, s’annonçant dès le début basé sur des interviews discordantes, et nous propose une sorte de “vérité possible”. La morale de fin étant que l’Amérique se fiche bien de la vérité tant qu’il y a une bonne histoire à raconter.
La réalisation de Craig Gillespie est plutôt bonne, même si je n’aime pas la manière dont il filme le patinage, avec des plans assez resserrés et une caméra souvent tournoyante qui ne rend pas bien compte des performances. Je ne suis par ailleurs pas fan de la manière dont les personnages brisent le 4ème mur. Ça n'arrive pas souvent mais ça interfère avec la narration en voix off des interviews. Même cette narration classique est parfois un peu trop bavarde, surtout pour dire des choses évidentes. I, Tonya, aurait mérité un peu plus de “show, don’t tell”.
La grande force du film est ses personnages, subtils et en nuances de gris. Les acteurs, en particulier Margo Robbie et Allison Jeanney —la mère de Tonya—, sont très bons. Mention spéciale aussi aux maquillages, les personnages sont très bien vieillis. J’avais évidemment des doutes sur le traitement de Shawn, gros looser, imbécile et mythomane, jusqu’à ce que je vois la véritable interview à la fin où il se décrit comme un expert en espionnage et contre-terrorisme.
Bref, I, Tonya est un biopic touchant, porté par d’excellents acteurs et parfait pour (re)découvrir l’histoire de cette patineuse et du plus grand scandale du patinage artistique. À prendre, comme le film nous y invite, avec du recul.