Mommy, c'est l'histoire d'une mère qui va récupérer son fils atteint de troubles du comportement à la suite d'un incident qui a mal tourné dans l'enceinte de son institut spécialisé. Bien que le contexte soit expliqué avant le démarrage du film, vous ne pouvez que constatez la difficulté de ce choix dans les premiers échanges entre Diane et Steve. Parfois, la mère réussit à canaliser son fils et à d'autres moments la rupture est proche suite à une parole trop forte. Au delà de ces passages délicats, reste la bouée de sauvetage d'un amour filial en apparence très fort car mère et fils mettent de l'eau dans leur vin pour se battre, ne pas flancher et avancer. La rencontre avec une voisine compatissante sur leur situation ( car elle a rencontré des épreuves sur sa route dont elle ne parlera pas) sera une bulle d'oxygène pendant quelques mois.
Xavier Dolan a certainement trouvé des échos à sa propre vie pour vouloir raconter une histoire pareille. Mommy prouve une fois de plus la capacité du jeune réalisateur de s'attaquer à un sujet difficile et à en extraire des moments de lumière. En effet, Dolan parvient à montrer qu'au delà des manifestations chroniques des troubles de comportement de son fils, Diane et elle partagent des moments d'intimité qui leur permettent de surnager heureusement. Reste que par ces déchaînements des humeurs, de certains pétages de plomb des individualités du film (même des personnages secondaires comme le voisin avocat), Mommy a un point de vue exacerbé à l'image du jeune réalisateur. Un cinéma cash qui interroge sur la finalité du dispositif et comment un tel film peut être ressenti par des personnalités plutôt fragiles. Même si l'histoire se veut positive, que Xavier Dolan confirme sa maîtrise technique avec le cadre et la bande originale choisie pour le film, je me demande si l'émotionnel ne sublime pas totalement la consistance globale du film. Le spectateur est content de voir cette mère et ce fils se battre ensemble contre les troubles du comportement , d'être épaulés parce que ça leur change la vie mais la raison reprend ses droits logiquement à la fin du film. Je pense donc qu'on est en droit de se demander si l'entreprise ,malgré l'énorme investissement des acteurs sur des scènes coton et la formidable envie de défendre le bonheur instable face à l'adversité, n'est pas " too much". Xavier Dolan, avant Juste la fin du monde, signait encore un cinéma un soupçon trop nerveux, pas encore idéalement dosé. Cela n'enlève rien à son talent certain et prouve que son style a évolué dans le bon sens dès lors. Et d'imaginer ensuite la marche de progression formidable du jeune Canadien qui n'a pas encore trente ans.