Les sceptiques seront confondus... Obvious'ment...
Mommy est un film rare.
Dolan met en lumière et magnifie le quotidien gris de gens ordinaires, avec une image et une esthétique d'une incroyable force, qui n’a d’égal que celle des sentiments troublés en antagonistes qui s’y affrontent.
Les choix de réalisation, par le passés parfois jugés too much, voir prétentieux, trouvent toujours ici leur justification, pour qui accepte de voir au cinéma autre chose qu’une image brute. Les flous baignés de lumière sont un régal. Les ralentis très contenus. Le cadrage étriqué offre une expérience différente où l’image devient plus verticale et participe au ressenti de cet inextricable constat d’échec, que l’espoir ne vient délivrer que trop rarement.
Physiquement et psychologiquement violent, touchant, drôle, grossier, délicat, hystérique, Mommy, comme dans la vraie vie, jongle avec ces aspects sans transitions. L’amour et la haine s’y affrontent au propre comme au figuré. Le mal être s’expose à l’autre et aux sentiments.
Le film et l’histoire sont véritablement portés par le trio d’acteurs d’une extrême justesse. Le jeune Steve, au demeurant adolescent au comportement détestable, se révèle hyper attachant par sa demi naïveté, sa recherche vaine de liberté, et cette conscience de l’état dans lequel il s’est enfermé ainsi que des ravages qu’il cause aux autres et à lui-même. Diane reste tout au long du film d'une grande force et lucidité et lutte contre ses failles jusqu'à l'implosion.
Au-delà de la forte personnalité du jeune homme et de ses troubles, l’histoire reste pour moi obvious'ment celle de Diane, de ses émotions, de ses choix, pour conserver l’espoir de cette vie qui ne tient qu’à un fil.