Parce que j'aurais aimé danser avec ma mère
La route aura été tumultueuse pour arriver jusqu'au cinéma. Comme si ce temps de chien figurait comme un miroir, reflétant la dure épreuve que j'allais endurer devant ce film. Parce que oui, Mommy m'a bouleversé. Il m'a autant bouleversé qu'il m'a émerveillé. C'est fou ce qu'on peut faire avec des images, non ? Mommy est à la fois magnifique et génial, prenant et vrai, il est le chef d'oeuvre qui vous prends par les tripes sans jamais vous relâcher.
Le trio d'acteurs est renversant. Laissons tomber un instant nos acteurs fétiches et concentrons-nous sur ces trois acteurs, donnant tellement de leur personne qu'on les croirait réels, qu'on penserait pouvoir les approcher, les toucher. Ce lien qui nous unit à eux est si fort qu'il en devient précieux. Ils sont ce que le monde a de plus cher, ils sont ce que le monde devrait être, les âmes perdues de ce monde qu'on ne parvient plus à suivre. Les personnages, oui, pas les acteurs. Il conviendrait de corriger, mais ici, c'est un peu la même chose. On rit avec eux, on pleure avec eux, on se sent vivant lorsqu'ils le sont, c'est la ronde des âmes qui n'en finit plus de nous unir. Au détour de magnifiques scènes qui restent gravées dans la mémoire, Mommy se permet aussi de les rendre géniales. J'ai aimé être surpris devant autant de travail, et pourtant tellement de simplicité. Parce que Dolan filme la vie comme il la voit, pas comme Hollywood la voit. Et voilà que le film passe, qu'il aurait pu durer encore deux heures sans que je ne regarde ma montre. J'ai passé un instant précieux de ma vie, et je remercie Dolan pour ce cadeau.
C'est drôle, car je n'ai et n'arrive toujours pas à concevoir la fin du film comme ce qu'elle est véritablement. C'est comme si je ne parvenais pas à accepter ce que la personne à côté de moi me soufflait à l'oreille. C'est le genre de chose que j'ai le plus grand mal à encaisser. Sûrement parce que, si cet homme-là tombe, alors je tombe avec lui...