Un gros bouillon débilitant
Le moins que l'on puisse dire avec Mommy, c'est que son réalisateur semble vouloir tout donner. Charrettes de cris, de sourires et de sentiments, et pourtant il raconte si peu.
Le vocabulaire cinématographique mis en oeuvre est vite agaçant et l'usage du gros plan et du ralenti démontre assez bien le manque de clairvoyance de son auteur, vision floue et sans recul sur son sujet. C'est un cinéma enfermé qui se dessine.
L'usage du coquet cadre carré en dit assez long sur la focale choisie par l'auteur, un monde étriqué, limité à un trio et quelques rues, mais aussi des visions de personnes qui semblent totalement incultes, perdus dans leur ignorance et nous dans l'ignorance de ce qui les a construit.
Passé l'exotisme des premières minutes dans ce sabir mi-étranger mi-commun, j'ai fini par m'ennuyer des formules répétitives, des dialogues limités à des jurons et bégaiements.
Hormis la scène prometteuse d'ouverture d'une confrontation entre la mère et la responsable du centre, le récit conventionnel de cette approche mutuelle, bordé d'une classique mise en scène accélérée du quotidien qui se tisse entre les protagonistes, qui s'arrête finalement sur les crises qui surviendront inéluctablement, dessiner devant nous un énième soap cinéma.
A bien des égards, ce cinéma-là me fait penser à celui d'une autre enfant de la balle, Sofia Coppola qui maîtrise si bien les codes de son art, propose un cinéma parfaitement systématique et dans lequel il n'y a jamais vraiment d'intention.
Je ne mange pas de ces images-là, qui ne disent rien du monde dans lequel nous vivons sinon une inculture chronique, un défaut d'analyse persistant, qui tous finissent inexorablement par noyer le spectateur dans un gros bouillon débilitant de sentiments, un long clip affectif et surtout parfaitement immature. C'est une vieille conne qui vous le dit!