Moment de grâce
Mommy est de ces films qui vous transcendent, qui jouent avec facilité avec vos émotion. Si l'on peut critiquer le pathos de l'oeuvre du réalisateur Quebecois, il est difficile ne pas être transporté pendant ces 2h20 de pur cinéma.
Les acteurs sont d'une tous irréprochables. Le jeune Antoine-Olivier Pilon est une belle révélation, il parvient avec facilité à transposer à l'écran le caractère d'un jeune trop émotif, hyperactif, violent. Il dispose pour cela d'une bien belle palette de jeu qui lui permet de larges possibilités, jamais dans l'exagération ou la surenchère. Jamais un stéréotype du jeune difficile. Le duo féminin portée par Anne Dorval et Suzanne Clément est lui aussi très crédible. La première, mère perdue face aux difficultés qu'elle rencontre dans l'éducation de son fils, garde pourtant une joie de vivre, un optimisme, trop même, ce que lui reprochera le personnage de Kyla. Cette dernière est brillamment interprétée (encore), son élocution haché est d'un naturel touchant, permettant de voir toute la fragilité en cette femme brisée par la vie, dans son impossibilité de reprendre son métier.
Rare son aujourd'hui les films qui sur plus de 120 minutes ne me procure pas d'ennuie, ou tout du moins l'envie de couper une partie des scènes inutiles. Avec Mommy, tout à un sens, une utilité. Tout n'est que poésie. Renforcé par cette photographie low-fi qu'aime tant le jeune réalisateur, il propose des plans digne de tableaux, ultra construits, mais pas pour autant artificiels. L'utilisation d'un 1;1 m'avait intrigué, mais se trouve finalement être largement justifié, les rares moments où l'on repasse sur du plein écran ne sont là que pour servir le film, l'émotion qui doit transparaître. On pourra venir critiquer ce procédé, façon de forcer le spectateur à ressentir toute la vitalité du film, les moments de joie qui semblent si rare dans le petit monde de ces êtres.
Parlons aussi de cette BO. Onirique, belle et poétique, à l'image du film. Dolan s'amuse entre le son et l'image, coupe, stop, et repart de plus belle. On ne reviendra pas sur l'introduction d'un morceau de Céline Dion, chanteuse ô combien critiquée et pour laquelle j'ai n'ai que peu, voire pas, d'affection. Mais l'utilisation de ce morceau ne m'a bizarrement pas dérangé pour un sous, tant la scène qu'elle sert est belle, pleine de joie.
J'ai été littéralement happé par l'oeuvre de Dolan, si jeune mais si talentueux. Un tel coup de génie n'est que le bienvenue dans l'industrie actuelle. Cette critique est sans doute que très peu objective, mais c'est ainsi, une expérience forte m'a été donnée, et je ne peux que l'en remercier.