Ce film est un chef d'oeuvre. Voilà, c'est dit.
Il est d'une douceur franche et exquise.
On y découvre une palette de sensations très subtiles allant de la peur de la folie à la mélancolie des amours d'enfance, en passant par la crainte du rejet, de l'abandon, de l'angoisse de la mort jusqu'à la quête de l'amour idéal et transcendant.
Toutes ces émotions traversées sont joliment teintées par une mise en scène sensuelle, presque contemplative, qui, comme le filtre de couleur apposé sur une photographie, à la fois nous berce de son harmonie et nous submerge par son élégance.
Et pourtant, dès le début, lorsque j'ai compris que l'enfant était invisible, immédiatement l'inquiétude a grandie en moi, me demandant dans quel film loufoque je m'étais embarquée. Mais finalement, le scénario est fin, l'histoire intègre et profonde, si bien que l'on s’accommode très rapidement de cette première bizarrerie.
Quand aux questions que le film soulève et aux affirmations qu'il suggère, elles sont nombreuses ...
et adoucissent le cœur. La magie opère dans cette ambiance pourtant morose imposée par la solitude meurtrière de la mère. Les prémices d'une existence potentiellement fade et tragique du fils sont malgré tout compensées par la douceur de la fillette. De son fardeau, elle y puise des capacités extrasensorielles, lui ouvrant la porte sur un monde inconnu, insolite avec en prime la découverte de l'amour pur, brut et innocent, sans artifices.
Chacun portant ainsi son handicap physique, qui devient un précieux atout pour aimer et être aimé. Elle découvre les limites dimensionnelles qu'offre la vue - tant espérée - et grâce à lui, se découvre la capacité de pouvoir aimer tout et son contraire. Quant à lui c'est bien simple, il est regardé avec les yeux de l'Amour. Que pourrait-il vouloir de plus ?
Ce n'est pas un amour dans le corps à corps que nous vivons à travers ce film, c'est un amour d'âme à âme, où un tel secret, si lourd et précieux à la fois, quand on pourrait croire qu'il va séparer les deux protagonistes, on réalise finalement qu'ils les rapprochent davantage, prouvant ainsi la profondeur de leur affection perçue presque enfantine voir même divine. On t-il été enfants un jour où sont-ils devenus adultes à un moment donné de l'histoire ? En dehors des indicateurs (sonores et physiques) on l'ignore en réalité, car le cache-cache de leur enfance devient une chasse au trésor quelques années plus tard.
"Retrouves-moi et je saurais que tu m'aime réellement comme je suis" semble nous murmurer ce film. Cela semblerait impossible au commun des mortels de trouver un invisible dans le visible, et pourtant ... ne dit-on pas que l'essentiel est invisible pour les yeux ?