Il y a, dans beaucoup de films traitant de littérature, voire du monde de l'édition - qui n'a parfois rien à voir avec la littérature, comme chacun sait... - une sorte de mélancolie profonde qui fait mouche. Soit qu'ils interrogent les notions de génie, de succès, ou de profondeur. Soit qu'ils critiquent la machine à fric qui pousse sur le devant de la scène de parfaits imposteurs. Dans le cas qui nous intéresse, le film sait conserver une sorte de fraîcheur (qui doit beaucoup à son personnage principal), mise en relief par le contraste avec l'agente star incarnée avec son panache habituel par Sigourney Weaver, qui adore dégommer les snobs en les campant à la perfection. Son morceau de bravoure, qu'on attend avec gourmandise dès le début, n'arrive qu'à la toute fin, mais quelle maestria ! Elle répond avec brio au personnage infect de Working Girl, qu'on a adoré voir s'effriter sous nos yeux face à une Melanie Griffith parfaitement godiche. Ici, la naïve n'est pas godiche pour deux sous et cette nuance permet à son antagoniste de fendre l'armure au lieu de lui marcher sur la tronche, comme le capitalisme triomphant des années 80 l'imposait. Y aurait-il un espoir au pays du billet vert ? J'aime le penser et je me suis laissé emporter par ce petit conte littéraire plutôt gentil qui rebat malgré tout un thème plutôt bateau ( "ne renoncez pas à vos rêves gnagnagna...). Bref, un gentil petit film et des retrouvailles sympathoches avec mon actrice fétiche des années lycée...