Disons-le d’emblée : on aurait tort de comparer cette petite chronique indépendante à l’hollywoodien « Le Diable s’habille en Prada » comme beaucoup l’ont fait maladroitement. En effet, hormis le fait que « Mon année Salinger » montre les relations d’une assistante avec sa boss, on ne voit pas trop ce qui peut les rapprocher par d’autres biais. Ce n’est absolument pas la déclinaison du film avec Meryl Streep en version indépendante et dans le monde de l’édition. Non, ici on vise plus le passage à l’âge adulte, le moment où l’on prend ses décisions professionnelles et sentimentales, ses choix de vie en quelque sorte. Et tout cela enrobé dans le monde de l’édition avec forcément pas mal de références littéraires qui sembleront peut-être un peu sibyllines aux profanes.
« Mon année Salinger » a le bon goût de situer son action dans le New York du milieu des années 90. Si la Grosse Pomme n’est pas montrée plus que d’accoutumée, on ressent en revanche bien le décorum de cette époque pas si lointaine et cela donne au long-métrage un petit charme suranné délicieusement rétro. Une époque où le Web et les ordinateurs commençaient à envahir les bureaux et les maisons. Ce contexte des balbutiements de l’ère numérique sont amusants et donnent au film un cachet certain. Le cinéaste québécois Philippe Falardeau à qui l’on doit « Monsieur Lahzar » continue d’alterner productions du cru (le très drôle « Guibord s’en va-t’en guerre ») et les films américains en mode indépendant comme « The good lie » ou cette œuvre coproduite avec l’Irlande. Une œuvre au sein de laquelle il a réuni un duo de choix avec la jeune Margaret Qualley (« Il était une fois… Hollywood ») parfaite dans ce rôle de jeune ingénue pleine de motivation face à la toujours immense et impeccable Sigourney Weaver.
D’ailleurs cette dernière aurait pu et aurait dû être plus présente à l’écran car son temps de à l’écran dans ce film relève plus du second rôle de prestige que d’un vrai premier rôle et c’est dommage. Les histoires amoureuses du personnage principal auraient pu être évitées ou raccourcies au profit de davantage d’échanges et de bons mots entre cette assistante et sa chef au demeurant pas si méchante et imbuvable que cela. Ce n’est pas le sujet mais on aurait aimé quelques vacheries et échanges de bons (ou mauvais) mots en plus. En outre, le dernier tiers du film contient quelques longueurs, même si pas trop dommageables. A l’inverse on aime beaucoup les idées de mise en scène presque oniriques ou poétiques parsemées dans « Mon année Salinger ». Elles s’adaptent parfaitement au sujet et le mettent en valeur sur certains aspects (comme les admirateurs de Salinger et leurs lettres personnifiées en images). Au final, c’est une petite chronique anodine mais terriblement plaisante et attachante.
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