Génération Daech
En cette époque, il est difficile d’échapper au discours dominant les médias ainsi que les politiques qui présente les soldats de l’armée de Daech comme des monstres sans visage, déshumanisés à tel...
Par
le 7 août 2018
4 j'aime
1
Comprendre. Pourquoi ? Comment ? Après Hedi, un vent de liberté, sorti en 2016, le réalisateur Mohamed Ben Attia récidive dans le portrait intimiste avec Mon Cher Enfant, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Un sujet fort et universel traité avec pudeur et retenue.
Parler du terrorisme et de la radicalisation dans le cinéma d'aujourd'hui demeure toujours une tâche délicate afin d'éviter les écueils faciles du pathos et du sentimentalisme. Le cinéaste tunisien Mohamed Ben Attia écarte, avec ce second film, tous les pièges pour livrer une tragédie intimiste touchante par la simplicité de son dispositif et la sincérité de son discours. Il nous interroge également sur le manichéisme avec lequel on a souvent l'habitude de réduire le traitement du phénomène terroriste.
S'occuper de son fils malade, l'attendre en pleine nuit dans la voiture pendant qu'il s'amuse avec ses amis, lui acheter ses céréales préférées, s'inquiéter pour son avenir. Mon Cher Enfant débute avec ces simples gestes d'amour, comme chronique d'un quotidien. Et c'est dans ce minimalisme, son approche sobre, cette apparente vérité du réel que le film trouve l'une de ses plus belles réussites.
"Le plus difficile était de ne pas tomber dans un manichéisme prévisible. De garder subtilité et délicatesse. Je voulais éviter la facilité et d'aller directement dans une condamnation même si elle est tout à fait légitime. Je voulais dépasser ce premier degré de la haine, de la colère". Un pari réussi pour le réalisateur Tunisien qui est également scénariste de son film.
Jamais explicative, toujours dans l'incarnation et dans la mesure, la mise en scène de Mohamed Ben Attia séduit réellement par son approche intime et cohérente. On suit constamment ce père, de dos et toujours en mouvement, comme pour matérialiser cette marche en avant comme lutte quotidienne pour la vérité. Mohamed Dhrif incarne magnifiquement ce personnage avec force, pudeur et introspection.
Voir les frères Dardenne producteurs, n'a semble-t-il rien d'un hasard quand on voit la pate du cinéaste Tunisien sensiblement proche de celle des cinéastes belges. Du cinéma fin, juste, incarné, qui confirme le talent d'un des rares portraitiste du cinéma tunisien contemporain.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Festival Cinemed 2018
Créée
le 23 nov. 2018
Critique lue 249 fois
2 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Mon cher enfant
En cette époque, il est difficile d’échapper au discours dominant les médias ainsi que les politiques qui présente les soldats de l’armée de Daech comme des monstres sans visage, déshumanisés à tel...
Par
le 7 août 2018
4 j'aime
1
MON CHER ENFANT (14,4) (Mohamed Ben Attia, TUN/BEL, 2018, 104min) : Cette délicate tragédie familiale raconte le poignant combat d'un père pour sauver son fils de l'endoctrinement djihadiste...
Par
le 14 nov. 2018
3 j'aime
2
Sans révéler le sujet au cœur du film, force est de reconnaître le traitement singulier, flegmatique (voire neurasthénique) d'un fléau qui gangrène la jeunesse musulmane du monde. Séduit par cette...
le 11 mai 2018
3 j'aime
1
Du même critique
Guillaume Canet fait sa crise de la quarantaine. À l’heure où la comédie française ne brille pas par sa qualité, l’acteur-réalisateur français revient au cinéma avec une réalité-fiction, après...
Par
le 17 févr. 2017
53 j'aime
5
Nouveau venu dans le paysage cinématographique français, Jean-Baptiste Durand signe avec Chien de la casse un premier film détonnant, subtil et profond, sur une histoire d’amitié tumultueuse. Un coup...
Par
le 16 avr. 2023
21 j'aime
2
"On ne gagne pas avec la violence, on ne gagne qu'en gardant sa dignité". Green Book est un voyage dans l'Amérique ségrégationniste des années soixante. Un road-trip où le voyage, à la fois...
Par
le 26 janv. 2019
21 j'aime
1