Juste après être allée voir La belle époque, j'ai continué sur ma lancée de films français et j'ai enchainé avec Mon chien Stupide qu'il me tardait de voir.


Tiré du livre éponyme de John Fante paru en 1985, Mon chien Stupide avait attiré le Claude Berri qui, il y a déjà 20 ans, souhaitait l'adapter aux États-Unis (Peter Falk était alors envisagé dans le rôle principal) mais ne parlait pas assez bien anglais. Il a alors proposé à Yvan Attal de prendre le relais mais ce dernier n'était pas emballé par le projet à l'époque : "Je l'ai lu et je suis passé à côté, peut-être n’étais-je pas assez « vieux con », pas assez en phase avec la crise ou les crises de la cinquantaine". C'est en le relisant des années après qu'il est parvenu à se projeter dans l'histoire.


Cette nouvelle réalisation a offert l'occasion à Yvan Attal de retrouver sa compagne Charlotte Gainsbourg qu'il dirige pour la cinquième fois, après notamment Ma femme est une actrice (2001) et Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants (2004) dont je vous avais parlé dans un article cinéma de mars dernier. À savoir aussi que le fils aîné du couple, Ben Attal, joue l'un de leurs quatre enfants à l'écran.


Ce qui m'a beaucoup plu dans ce film c'est tout le côté "pas politiquement correct" et l'humour noir : le père veut se débarrasser de ses enfants, la mère n'arrête pas de les critiquer, tandis que les enfants veulent tous voler de leurs propres ailes mais restent tout de même attacher à leur vie de famille unie. C'est humain, sincère, profondément contradictoire et forcément ça fait sourire.


L'une des plus belles séquences est celle où les parents se retrouvent tous les deux, sans leur progéniture, et qu'ils décident de fumer un pétard ensemble, en souvenir du bon vieux temps. Filmée en très gros plans, cette scène nous immerge dans l'intimité du couple et on sent tout l'amour qu'ils se portent l'un pour l'autre.


Cette scène est d'ailleurs l'un des meilleurs souvenirs du tournage pour Charlotte Gainsbourg qui raconte : "Je l’ai vécue comme un moment de liberté et de complicité absolue [...]. J’ai ressenti un plaisir fou à m’abandonner. C’est l’avantage de l’expérience et surtout de l’âge, je me fous d’être moche, de glousser, de hennir et de me tordre...Je n’ai plus le souci de mon apparence dans ce contexte, c’est une libération".


Les autres spécificités du film que j'ai apprécié sont sa photographie (signée Rémy Chevrin) et sa bande-origine (composée par Brad Mehldau) qui apportent énormément au tout selon moi et prouve que même en France on peut faire de belles images et que l'accompagnement sonore peut avoir une vraie personnalité.


Un bel objet!

SybilleGuerriero
7

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Créée

le 6 sept. 2020

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