Un film qu'on regarde une fois, pour se faire une idée de la guerre d'Algérie. Au niveau de la forme, pas mauvais, avec un beau noir et blanc pour les scènes de flash-back. Après, c'est fait "à la française" : il y a Cécile de France, avec qui le spectateur doit clairement s'identifier ; il y a des dialogues un peu trop explicatif ; les seconds rôles sont bons et les acteurs principaux moyens (un peu trop sans surprise, même si le phrasé du colonel est intéressant) ; l'intrigue est un peu trop construite sur une révélation progressive. Simenon faisait ça bien, là c'est un peu prévisible.
Mais au fond la force de ce film ne réside pas dans le divertissement de l'enquête. C'est avant tout une fort belle reconstitution qui explique plutôt qu'elle ne dénonce, un peu comme un remake de "La bataille d'Alger" qui se passerait dans une petite bourgade, Saint-Arnaud. Ce qui est vraiment bien rendu, c'est la vie de la communauté d'avant la libération : les pieds-noirs, le préfet, le commissaire, tous ces cafetiers, commerçants qui vont droit dans le mur. Et ce colonel, un peu à la Kurtz, qui refuse l'hypocrisie des politiques et veut faire la guerre "de manière propre" mais sans plaisir. Belle scène où, alors que des politiques viennent le visiter, il les convie à un banquet et offre au ministre un rapport agrémenté de photos sur la torture employée.
Dans le genre film de guerre, c'est peut-être ce que je crains le moins, même si c'est un format qui fait penser à un téléfilm.