Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas est une comédie qui n'en n'est pas vraiment une, tant le propos fait parfois preuve de sérieux. Tantôt dans le comique de situation, tantôt dans l'impureté et le libertinage, le film dépeint tant une frustration sexuelle féminine qu'une aristocratie débauchée.
Le début du film est plutôt fastidieux, les explications sur les origines des mariés sont longues et difficiles à suivre en Vostfr, mais passé ce cap, on commence à apprécier le personnage d'Eugenia, qui incarne la pureté même, mais ne tend que vers le vice une fois qu'elle a goûté au fruit défendu. Elle tombe de plus en plus bas, comme le suggère le titre : tromperies, homosexualité et désirs incestueux sont aux rendez-vous. Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas, sans jamais être sale ou violent, cherche à la fois à être subversif et décomplexé.
L'actrice principale me paraît parfois bien ridicule - bien que celle-ci ait reçu un Globe d'or pour ce film - de même que l'acteur dans le rôle du frère : leurs jeux déclamatoires et pompeux accordent au film des airs de théâtre de boulevard. L'apparition qui fait cependant très plaisir reste celle de Jean Rochefort qui, deux ans avant Calmos, ne s'était pas encore lassé des femmes.
Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas, sorti la même année que Les Valseuses en France, n'hésite pas à pousser l'érotisme en allant piocher dans le vice. Tandis que Les Valseuses fait preuve d'une certaine innocence, une volonté de comprendre, le film de Comencini met en scène l'ivresse d'un désir sans limites, l'accoutumance au sexe en conflit avec la bienséance de l'époque et les mœurs religieuses.
Bien qu'il ne soit pas véritablement choquant (je ne pense pas qu'il cherche à l'être), ce film reste très subversif dans sa façon de montrer une telle bestialité dans le désir féminin. On peut par ailleurs désavouer le titre, car alors qu'Eugenia se demande comment elle a pu tomber si bas, elle cherche à nouveau à atteindre le 7ème ciel.
Une comédie dramatique peu connue, avec de beaux instants de mise en scène, et particulièrement audacieuse, que ce soit en tant que critique de la religion ou qu'interrogation sur la place de la femme au début du XXe siècle.