Un bel exemple de screwball comedy avec cette histoire de remariage mettant en scène un trio amoureux Cary Grant, Irene Dunne et un inattendu Randolph Scott.
Le réalisateur est un certain Garson Kanin, scénariste de son état. Mais il ne faut pas se tromper en fait. Ce devait être Leo McCarey à la manœuvre mais suite à un accident il passa la main à Kanin. Suivant la présentation du DVD par Serge Bromberg, Leo McCarey était le producteur, celui qui avait eu l'idée du film et qui a assisté au tournage avec Kanin qui suivait ses conseils …
L'histoire en deux mots : Ellen (Irene Dunne), l'épouse de Nick (Cary Grant), mère de deux très jeunes enfants, disparait au cours d'une exploration et revient au bout de sept ans. Seulement voilà, Nick vient juste de se remarier. Qu'à cela ne tienne, elle est bien décidée à reconquérir son mari. Entre alors dans l'histoire, Stephen (Randolph Scott), membre de la mission d'exploration, disparu lui aussi et revenu au bout de sept ans avec Ellen …
On a bien tous les ingrédients de la comédie romantique avec les inévitables situations vaudevillesques et loufoques où Cary Grant est pris au piège, la main dans le sac de l'infidélité et de la bigamie tandis qu'Irene Dunne, dans une situation hypothétiquement ambiguë avec Randolph Scott, attise la jalousie de Cary Grant…
Mais tout ne me semble pas complètement réussi dans le film. J'aime bien le début avec les différentes situations de quiproquos notamment dans l'hôtel où doit se dérouler la lune de miel et où Cary Grant doit se partager entre les deux femmes sous l'œil outré du patron de l'hôtel. Il en est de même de la scène de la rencontre d'Irene Dunne avec ses enfants qui ne la reconnaissent pas. Par contre, dans la suite, alors que le spectateur a largement deviné comment se terminerait le film, il y a de grandes longueurs, un peu comme s'il fallait un peu meubler le film qui ne dure que 88 minutes. Par exemple, le rôle de Randolph Scott m'a paru insuffisamment exploité. Même si j'ai trouvé l'idée de transformer l'habituel cow-boy ténébreux en un Johnny Weissmuller séduisant et séducteur, très plaisante. Il en est de même de la "nouvelle" épouse (Gail Patrick) qui m'a paru un peu aux abonnées absentes alors qu'il y avait l'occasion de belles joutes entre les deux femmes.
En guise de conclusion, c'est un film bien fait pour divertir et faire oublier au public américain de 1940 que l'Europe est à feu et à sang. Il a eu un grand succès aux USA. Je pense que le casting où Cary Grant et Irene Dunne était à nouveau réunis pour jouer une comédie un peu déjantée et la présence inédite de Randolph Scott devait en être un élément bien vendeur.
En effet, l'idée de base était très bonne. Personnellement, avec mes yeux d'aujourd'hui, ne goutant pas plus que ça le genre "screwball comedy", j'aurais préféré un style un peu plus romantique. J'imagine très bien, par exemple, ce qu'un Sirk aurait pu en faire de l'histoire …