Guillaume Canet dans un polar, cela fait deux fois (au moins) que c’est la formule gagnante du cinéma français de ces dernières années. Il avait déjà été effectivement bluffant dans le très intense La prochaine fois je viserai le cœur. Et il a visiblement envie de jouer dans ce type de film, tant cela se voit à l’écran qu’il veut exprimer la détresse et la rage de son personnage et tant cela se voit jusque dans les cartons du générique de fin, où il est mentionné en tant que coproducteur. Il a décidé de porter le film et il le fait pleinement. Rien de moins.


On peut aussi ajouter qu’à la manière dont Guillaume Canet torture un kidnappeur d’enfant, Bryan Mills a du souci à se faire. Ici c’est un (simple) géologue qui mène l’enquête sur le kidnapping de son fils. Pas besoin pour un papa français déterminé d’avoir un « set of special skills » pour retrouver son enfant. Bah oui Bryan, c’est étonnant mais c’est comme ça !


C’est d’ailleurs une des forces du film, de se rapprocher de la réalité, de donner à tous ces personnages des carrière, des professions, des histoires de vie, des maladresses aussi, qui pourraient être celles de nos amis. L’enquête que mène le personnage principal est plus proche des authentiques enquêtes que dans nombre de film d’outre-atlantique.
Si certains rôles tertiaires sonnent moins juste et sont plus dignes d’un téléfilm de type Julie Lescaut, tous les rôles secondaires font le nécessaire pour que le spectateur s’identifie à cette histoire de kidnapping ou personne n’est vraiment propre, Mélanie Laurent en tête. Le cadre montagneux joue son rôle aussi, vide, impassible, invisible témoin d’un drame humain. Même s’il frôle le docu-fiction, le film ne se prive pas de quelques jolis plans. Sans sombrer dans l’esthétisme d’un Prisoners. C’est un autre atout de la réalisation de Christain Carion, de ne pas essayer de ressembler à un film américain, de ne vouloir ressembler qu’à ce qu’il est est : un polar tendu et réaliste français. Le défaut de cette qualité étant un manque de souffle, une légère lenteur au début d’un film qui, comme il reste sur son sujet et son comédien principal, ne transcende pas le genre, n’apporte aucune nouveauté véritable, aucun mouvement incroyable de caméra ou aucune résonance au-delà de l’histoire qu’il raconte. Mais ce n’est certainement pas son but. Non, ici il s’agit d’un film qui arbore un sujet difficile, qui propose de suivre au plus près la traque sans relâche d’un homme dans la douleur. Il le fait de manière solide, humble, sans fioritures mais efficacement. C’est beaucoup, surtout dans un panorama du cinéma français qui enchaîne les comédies discriminantes sans gêne qui tentent d’imiter les américains, les drames franco-français nombrilistes (parfois solides ou séduisants, il est vrai) et les grosses productions douteuses. Reste à espérer qu’un nouveau film de cet acabit voit le jour ou plutôt l’obscurité des salles dans un futur proche.


Merci à LDQS pour le titre
Plus : La redif du direct qui va avec : Avis à chaud sur le film

Fiuza
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films qui parlent de la paternité (et de son absence) et Films vus en salle en 2017

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le 21 sept. 2017

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Fiuza

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