Dans son premier film en tant que réalisateur, Guillaume Canet interprète Bastien, l'assistant, le chauffeur de salle d'un présentateur de jeu télévisé, comme il se doit, arrogant et infect. Bastien, cependant a les dents longues et tente de séduire un producteur de la chaine, le dénommé Broustal (Berléand) avec un concept pas brillant, certes, mais juteux.
Sur les moeurs de la télé et les émissions de télé-réalité, Canet propose un préambule caricaturale et grinçant. Le vrai sujet commence juste après, lorsque Bastien se fait inviter dans la maison de campagne de Broustal et de sa jeune épouse pour un weekend de travail. Le film prend alors un tour inattendu et surprenant, et si les protagonistes continuent d'incarner le supposé milieu détestable de la télévision, ils existent aussi par leur caractère marqué, excessif, et une relation dominant-dominé qui n'est sans doute pas spécifique à leurs univers professionnel. François Berléand, lunatique et cynique, trahit son spleen de riche par ses caprices et son autoritarisme injurieux. Cependant, le plus "monstrueux" des deux n'est-il pas le jeune Bastien, docile, soumis par ambition et prêt à se montrer indigne pour réussir?
La résidence du producteur devient le théatre d'une comédie sombre et étrange, surréaliste et féroce, certainement pas tout à fait maîtrisée mais témoignant d'un caractère, d'une noirceur qu'on n'attendait pas forcément sous l'apparence jeune et lisse de son auteur.