Love at second sight
Depuis le triomphe de "Un Jour sans Fin" (et même avant), les scénaristes, US surtout, ont réalisé le potentiel de renouvellement de la comédie romantique que représentait un point de départ...
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le 7 avr. 2019
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Il existe des films qui, involontairement, par le moment où ils arrivent dans votre vie vous marqueront probablement à jamais. Je pense que celui-là en fera parti. Je m'explique. Avec son film, Hugo Gélin réussit le délicat cocktail qui réussit habituellement aux films anglais ou américains, un peu façon Il était temps datant déjà de 2013. Mais, il arrive après . Cette comédie romantique rafraîchissante ,servie par un trio de comédiens spontanés, nous fait réfléchir sur ce qui fait l'équilibre d'un couple avec ces sacrifices pour chacun, ces victoires , la part du hasard et la vraie nature de ce lien. Le film a deux atouts majeurs : un second rôle terriblement comique Benjamin Lavernhe de la Comédie-Française dans le rôle du meilleur copain et la délicate actrice Joséphine Japy. J'aurais pourtant aimé un vrai coup de foudre pour cette romance originale et attachante. Hugo Gélin signe un film ultra-romantique, aux situations amusantes mais cela sent trop le devoir bien fait. Le troisième film de Hugo Gélin débute dans le fantastique façon Le jour d'après , avec un début post-apocalyptique dans ce Paris enseveli sous la neige où les ponts de l'île de la Cité sont détruits, avant de se transformer en comédie romantique un peu longuette. Après Demain tout commence, Hugo Gélin nous présente une nouvelle fois des adultes à l'âme d'enfant repliés sur eux-mêmes. L'idée de reconquérir la femme de sa vie, devenue une véritable inconnue après un événement inexpliqué était en soi excellente même si le concept a déjà été traité plein de fois dans le cinéma américain. Se réveiller dans une autre vie que la sienne, n'est pas en fait très nouveau. Sur une jolie musique, le scénario a repris pas mal de choses à Un jour sans fin, Il était temps,Et si c'était vrai ...et même au Diner de cons. Maintenant, Hugo Gélin le metteur en scène a peut- être oublié que même les uchronies ont une logique . Par exemple, l'ami rigolo Benjamin Laverhne est dans les deux univers et surtout le fiancé Marc ( il fallait le faire) ne semble pas assez attaché , à mon avis, à la femme de sa vie . Benjamin Laverhne, c'est l'ami que l'on voudrait tous avoir. On lui doit la scène la plus drôle du film quand il se fait passer pour l'agent du héros , scène complètement copiée sur Le diner de cons. On reste cependant dans un scénario dont on connait la fin avant même d'avoir commencé. Il n'y a pas assez d'originalité. Comme souvent, on peut enlever vingt minutes de trop, scènes inutiles qui nous amènent vers une fin plutôt ratée . Le summum de la maladresse est atteint avec la scène de rupture, scène vraiment loupé. En fait, la fin est décevante car on tourne un peu en rond . Le copain du héros explique les lettres qu'il écrit à sa propre fiancée depuis des années et qu'il garde avec lui sans lui envoyer pour la préserver. Notre héros utilisera un peu la même démarche puisqu'il aime sa femme et ne veut pas bouleverser sa carrière afin de réaliser sa passion. Le héros joué par François Civil , je l'avais découvert dans Ce qui nous lie de Cédric Klapisch. Benjamin Lavernhe, lui, ça fait déjà un moment qu'il apparaît dans Radiostars ,Un beau dimanche ,Libre et Assoupi ,Le Goût des merveilles ou Le Sens de la fête .Elle ,Joséphine Japy, charmante et craquante, c'est dans Irréprochable que je l'avais déjà vu. Hugo Gélin, quant à lui, c'est le petit fils du grand Daniel Gélin ,de la famille de Danièle Delorme et le réalisateur de Demain tout commence ainsi que de Comme des frères .Le problème, c'est qu'on a déjà vu ce genre de film en bien mieux. Je pense à Il était temps ou Un jour sans fin par exemple. Tout est gentillet et frais, même parfois drôle mais l’ensemble finit par tourner en rond et on sent la fin venir à des kilomètres. Le film reprend les thèmes du couple, de la réussite et du sacrifice en mélangeant tout ce que ça engendre, la redécouverte de l'autre, cette capacité à surprendre malgré le temps... C'est le temps de l'amour,le temps des copains et de l'aventure... on s'en souvient chantait Françoise Hardy, chanson préférée de l'héroïne. Le film, c'est un peu ça: une romance dans lequel on redécouvre la séduction et l'importance de l'autre dans son existence. Qu'est ce qu'un couple et pourquoi l'une de ses deux composantes doit se sacrifier ? Voilà une des questions que pose le film. Pour ça, Mon inconnue est bien dans l'air de temps avec une belle évocation de la difficulté de l'égalité entre les sexes . Notre pauvre héros est devenu professeur de lettres en banlieue après avoir été écrivain à succès dans une première vie. Soit dit en passant, ce discours , si tu es prof de lettres tu es un raté, désolé mais moi cela ne passe pas. Raphael et Olivia sont dans le même lycée.Ils tombent fous amoureux du jour au lendemain. Ils se marient et sont heureux un temps.Dix ans plus tard, Il est devenu un écrivain de science fiction à succès bien égoïste et elle, prodige du piano, n'a pas réussi à percer. Après une bonne dispute, notre héros se réveille et constate que sa vie n'est pas la sienne .Il est professeur de français célibataire dans le même collège que son ami de toujours alors que sa femme est devenue pianiste de renommée mondiale.Il accepte sa nouvelle vie un peu malgré lui et va chercher à reconquérir son épouse d'une autre vie qui ne le reconnaît plus. Le titre aurait pu ,selon moi, être au masculin. Comme dans Un Jour sans Fin, la morale veut que le héros , pas très sympathique au départ, lâche prise et change lui-même au lieu de vouloir changer la réalité. Le vrai sujet, c'est ce qu'on sacrifie de soi quand on s'embarque dans un couple. Le film aurait été moins drôle mais peut-être plus charmant s'il s'était élevé vers son vrai sujet façon Billy Wilder. Le film est quand même sympathique et tente de vérifier l'adage qui dit que Quand l’amour se trouve, il ne se perd jamais. Après un début bien rythmé comme il faut, on retrouve des émotions qui stagnent pendant trop longtemps pour arriver sur une fin qui s’étale , elle aussi, un peu trop. On oublie que c’est avant tout la reconquête qui est au centre du scénario et non pas le retour à la situation initiale. Ce renversement est plutôt bien amené sur fond de piano lorsque Olivia se produit à l’Odéon. Notre héros renonce alors à sa dernière folie avec son livre et incarne la beauté du sacrifice amoureux. Sans être allé encore dans une dimension parallèle, il me semblerait pourtant qu’on ait tous quelqu’un à reconquérir. Une autre petite chose a pu me gêner, c'est de faire jouer des acteurs et actrices de 30 ans pour des rôles de lycéens. Ca ne fonctionne pas vraiment , surtout lorsque ces derniers s'expriment comme des trentenaires. Voilà donc un film terriblement frustrant étant donné que le scénario est relativement intéressant et certaines scènes sont hilarantes. Est ce que le passé est un facteur essentiel pour ranimer la flamme entre deux âmes sœurs ? Le vrai souci du film repose sur deux paramètres, à savoir le manque de rythme avec les moments drôles qui reposent un peu trop sur le meilleur ami, puis le fait que la romance reste sur un genre déjà vu et sans surprise.
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Créée
le 19 avr. 2019
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