« Mon inséparable » traite le sujet de la différence avec intelligence, finesse, et humanité.
Ici, pas de caricature, de regard condescendant ni d’humour sur les personnes en situation de handicap mental, mais un total respect à chaque instant, tout au long de cette histoire bouleversante.
La relation mère-fils, la séparation, l’autonomie, la confiance, avec aussi la question du cordon ombilical que les mères ont parfois du mal à couper, tous ces thèmes y sont également abordés. Rien n’est simplement effleuré, les relations sont approfondies, les personnages fouillés et vrais, l’on s’identifie d’ailleurs volontiers à l’un ou à l’autre, selon les moments du film. Mona, la maman de Joël, est mère et femme, une mère responsable avec ses fragilités, une femme avec ses besoins propres longtemps mis de côté tant elle s’est entièrement dévouée à son fils qu’elle ne peut imaginer vivre en autonomie.
Laure Calamy est d’une sensibilité et d’une vérité magnifiques, juste à chaque instant, on la suit dans les méandres des sentiments multiples qui l’assaillent, la joie, le doute, la peur, l’exaspération, le désespoir, et surtout, surtout, l’amour. Oui Mona est tout amour, pétrie d’humanité et de générosité, les erreurs qu’elle commet la rendent plus humaine encore. Joël est un homme mature au-delà de sa déficience, mais encore faut-il le prouver à sa mère qui va devoir apprendre lui faire confiance et à organiser différemment sa vie. Il est capable de beaucoup et surtout de l’essentiel, donner de l’amour.
Ce film qui paraît si modeste et simple (avec quelques lenteurs au début), est en réalité un grand film humaniste grâce au regard aimant, respectueux et constructif, que porte la réalisatrice Anne-Sophie Bailly sur le handicap et la complexité des êtres, et l'interprétation convaincante de tous les acteurs.