Construit autour des quatre saisons de l'année, ce documentaire à la fois beau mais retord dans son imagerie pose des questions essentielles de direction artistique. Sa dernière partie - été - qui est bien au dessus des autres : au niveau de la mise en scène, la caméra de la réalisatrice est bien plus alerte et précise, elle capte encore mieux les enfants, il y a du cinéma qui commence à s'infiltrer dans le regard d'Emilie.
Mais la beauté et la simplicité de cette ultime morceau où l'été menace déjà la classe et son enseignant de la séparation inévitable est malheureusement appuyé par l'omniprésence de broderie musicale. Le grand problème du film vient de la musique : ça devrait être interdit d'en mettre autant, et surtout de la faire composer par un mec qui travaille pour D8 - d'ailleurs on doit l'image un peu télé à un chef op' de D17 ou D8, enfin disons que le film est vraiment parasité par des questions de choix esthétiques et qu'il aurait du nécessité une autre gestion à ce niveau là. Mais en même temps, j'imagine que D8 c'est bien pour la distribution - le film passe assez bien sur l'ensemble de la France - et qu'il aura sans doute une vie sur les chaînes plus tard où les enfants pourront regarder sans s'ennuyer.
Mais cela gâche aussi l'aspect un peu authentique qui se dégage de ce village, de ses accents, de son soleil et de ses champs, de sa petite école où les enfants des enfants des enfants viennent à leur tour rencontrer cet instit-maire-grand gourou d'une famille gigantesque.
Du coup, oui, on est ému, je crois d'abord par cette sincérité qui émane de la cinéaste envers son ancien prof, de la façon dont elle se filme avec lui, et aussi ensuite par ce monde en mouvement que l'on voit évoluer puis se désagréger au rythme des saisons, mais d'un autre côté malheureusement il y a une certaine forme de regret : le sujet que la mise en scène peu inspirée ne comblera jamais, reste à une simplicité chaude et feutrée (les titres qui s'écrivent sur un tableau noir) un brin de nostalgie mais peu de choses en plus. Même en faisant abstraction, le film nous rappelle avec un peu de lascivité que nos émotions sont toujours un peu trop guidées pour êtres elles-mêmes sincères.
Même si c'est encore un film sur l'école primaire, celui-là a le mérite de redonner BEAUCOUP d'espoir dans une profession comme dans les enfants... sur ce point là, je ne retire rien, il est essentiel dans un paysage rempli de films défaitistes ou alarmistes sur l'éducation nationale.