Un croisé entre Titeuf et Chucky sous fond de vengeance de justicier

Alliance culture Danoise et Japonaise


Les films d'animation Danois ne sont pas monnaie courante dans nos salles de ciné. Les temps changent puisque cette semaine, l'adaptation d'un livre d'Anders Matthesen vient de sortir. L’argument de vente imparable : l’alliance culture Japonaise et Danoise, une poupée ninja vivante et sa petite affiche alléchante. Il m’en fallait peu pour faire ressurgir l'enfant sommeillant encore en moi a eu raison de ma curiosité.


Ne vous fiez pas à son affiche enfantine et colorée, les propos de cette œuvre vous prouverons que vous faites fausse route sur les intentions de ce film. Les premières minutes m’ont misent à l’aise. Pour un film supposé être destiné aux enfants, il est plutôt cash et ne cachera rien à nos jolies petites têtes brunes « oui, y en a marre des blonds ».


Le monde n'est pas fait que de bonté, la vie peut être dur, injuste, les gens peuvent être ignobles. Nous emmenant sur un terrain peu visité, la scène d’introduction sera choc. S’ouvrant dans un quartier pauvre de Bangkok, dans un atelier clandestin où de jeunes enfants en piteuse état physique et moral fabriquent avec le peu d’énergie qu’ils ont en réserve des poupées ninja sous la surveillance d’un contremaitre peu commode tenant un bâton en bambou dans sa main, prêt à en faire usage.


Débarque un magnat du jouet Danois et il est encore plus cruel que le contremaitre. Pour montrer le niveau de cruauté, quoi de mieux qu’un accident causé par un pauvre enfant tellement fatigué et affamé utilisant malencontreusement l’écharpe à carreaux du magnat pour fabriquer une poupée ? Il y tenait à son écharpe. Ni une ni deux, le Danois frappe à plusieurs reprises l’enfant jusqu’à finir par le tuer. Toujours convaincu que cet animé sera comme tous les autres ?


Quelques secondes après l’accident, un orage éclate et frappe de plein fouet la poupée ninja habillée de l’écharpe à carreaux. Un petit air de Chucky version « Good Guy »? L’âme de l’enfant battu à mort a-t-elle élue domicile dans la poupée ? Nous ne savons pas. Quoiqu’il en soit, cette dernière se faufile hors de l’atelier, et se glisse dans un container pour suivre l’infâme magnat Danois. Sur le paquebot le ramenant en Europe, le ninja à carreaux prit pour un jouet pour enfant est attrapé par le capitaine du navire qui décidera de l’offrir à Alex, son neveu, le héros de notre histoire. L’histoire commence enfin et je peux vous promettre que tout ne sera pas aussi sombre, pessimiste et cruel que l’introduction.



Si tu me rappelle Arlequin je te préviens, je t'embroche!



Le film qui ne cachait rien aux enfants


Rien ne va pour ce pauvre Alex. Une maman à fond dans l’alimentation sans gluten et le bio, un beau-père qu’il a du mal à accepter, un demi-frère beauf passant son temps à l’humilier, une brute du collège faisant de lui son souffre-douleur et une fille qu’il aime mais qui ne le calcule pas. Quand Alex reçoit de son oncle la poupée, sa vie va basculer et peut-être s’arranger. Non seulement la poupée ninja parle, dit tout haut ce qu'Alex pense tout bas et arrive à imiter n’importe quelles voix qu’elle entend, mais en plus, Alex va apprendre le mystère entourant ce jouet.


Ne vous fiez pas là non plus à l'apparence mignonnette du ninja. Dans « Mon ninja et moi », vous mettez les pieds dans une œuvre politiquement incorrect ajoutant 1 seule petite pincée de vulgarité, juste suffisante pour coller à la réalité. Vous n’aurez plus aucuns complexes après avoir regardé ce film. Les adultes voient ici leur représentation les mettre à leur désavantage : problèmes d’hygiène bucco-dentaire, imperfections physiques et morales, certains se permettent même de chanter des chansons paillardes « coupées au bon moment » histoire de souligner le niveau intellectuel. Mieux vaut éviter de chercher à se confier à eux. Quant aux enfants, ce n’est pas mieux. Boutons, peau grasse, teint blafard ou trop rosacé, visages rondelets, impuretés, les enfants boutonneux foutent un peu la gerbe.


Et le duo mise en avant sur l’affiche ? Le duo Alex/le Ninja aurait pu être vu et revu. Sauf que non. Il m’a étrangement rappelé le duo Ted/John dans le film « Ted ». Moins hardcore mais quand même cash et très sarcastique. Pour un film familial, je suis étonné et je n'imagine même pas la réaction des enfants et leurs parents rien qu'à la vue de l'introduction "suggérée" certes mais culottée.


Attention, ça ne signifie pas que « Mon Ninja et moi » va se permettre de tomber dans la vulgarité gratuite et tellement choquer vos enfants que vous allez devoir leur payer des séances chez le psy. Il y a une justification à tout et mise à part deux, trois scènes « gênantes » d’un point de vue adulte, les enfants ne remarqueront rien, bien trop amusés par le concept de cette poupée ninja vivante faisant des trucs de ninja.



Soit tu subis tes problèmes, soit tu les affrontes.



Sackboy version rebelle


Le design du ninja ressemble étrangement à Sackboy. Vous savez ce petit personnage tricoté main customisable à volonté et issu du jeu « Little Big Planet » ? J’aime imaginer Sackboy passer d’un petit personnage innocent à un justicier ne tenant pas sa langue dans sa poche. Clairement, « Mon ninja et moi » lorgne vers l’esprit d’un Titeuf sauce Danoise où l'humour mélange gags potaches et punchlines subtiles aidées par un Stéphane Ronchewski (le Joker de Nolan, Michael Kyle, Lionel Herkabe) au top de sa forme.


Mais attention, derrière ses gags, ses petites courses poursuites, ses moments d’entrainements, de méditations rendant hommage à « Karate Kid », ses affrontements inventifs exploitant tout le potentiel d’une poupée utilisant le code et aptitudes des ninjas, « Mon ninja et moi », par le biais de son ninja ne va pas jouer les oursons calineurs prenant son héros par la main.


Notre poupée va endurcir son propriétaire, lui apprendre à se débrouiller seul, faire face à ses problèmes seul, prendre ses responsabilités, ne plus prendre garde au regard des autres et apprendre à tenir ses promesses. Tous deux vont s’aider mutuellement à mener à bien leur mission personnelle.


Au-delà de son animation passe-partout, pas toujours très folichonne à part le détail impressionnant du tissu en cachemire habillant le ninja, quelques chansons brèves bien foutues, un soupçon de tendresse mais pas trop, la narration offre un schéma plutôt inattendu, loin de tout ce que l'on a pu voir jusqu'à présent, tout en abordant à sa manière des thèmes graves dont le harcèlement scolaire, le trafic de drogue, l’alcool, l’esclavagisme moderne. « Mon ninja et moi » cachait bien son jeu.



Celui que je cherche a un nom maintenant.



Au final, aux parents pensant emmener leur enfant voir un film d'animation gentillet, méfiez vous. Les dialogues tranchent comme une lame de katana et les propos piques comme des shurikens. Néanmoins, si vos chérubins connaissent déjà Titeuf, tout ce passera bien et vous-même passerez un agréable moment devant un film d’animation s’éloignant bien loin des films actuels. Rien que pour cette raison, c’est à voir.

Jay77
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le 17 juil. 2020

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Jay77

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