Mon ninja et moi, long-métrage d'animation danois réalisé par Anders Matthesen et Thorbjørn Christoffersen défraye la chronique dans son petit univers.
La bande-annonce nous vendait un film marrant à destination des enfants sur la base d'un gamin qui se retrouve propriétaire d'une poupée ninja vivante.
Toutefois, cela doit être extrêmement nuancé car les thématiques abordées sont biens plus noires.
Loin des standards niais à destination de nos bambins, il s'agit ici d'un pamphlet contre le consumérisme. J'en ai été à la fois ravi et estomaqué car je m'y rendais avec mes enfants âgés respectivement de 6 et 8 ans après avoir vu une bande-annonce rigolote. Je ne m'attendais pas à ce degré d'acidité, de violence et de réflexion. Pour illustrer mon propos, l'exemple le plus flagrant est le meurtre d'un gamin dans une usine de jouets en Thaïlande devant le regard médusé de ses camarades esclaves, suivi d'un plan sur un poster représentant le logo Nike à l'envers et la phrase suivante "Just Do It Now". Il est incontestable que les 5 premières minutes de ce film sont marquantes, même si, les plans sont ingénieusement cadrés pour qu'on ne soit pas confronté directement au cadavre du pauvre gamin. Toutefois, ce film choquera peut-être plus les adultes qui ont l'imaginaire pour se représenter les faits que les enfants (constat réalisé lors du débriefing avec les miens qui se portent très bien à l'heure actuelle).
Pour la suite, le film mêlera intelligemment son fil rouge sur fond de critique acerbe à des histoires beaucoup plus conventionnelles comme la famille recomposée, la lutte face à la brute de l'école, l'affirmation de soi, l'esprit de combativité et une traque du méchant. On a donc affaire à un étrange mélange incarné par ce jouet ninja qui va à la fois aider son possesseur à la Woody de Toy Story et incarner l'esprit de vengeance d'un autre à la Chucky. Ce film regorge d'oscillations entre les registres (on énumèrera sans filtre la drogue vendue aux mineurs) ce qui en fait clairement un film que je déconseillerai au moins de 10 ans.
L'animation est d'une qualité très acceptable. Évidemment, on n'est pas sur une super-production Disney, mais au moins, on a un scénario! Dommage qu'il faille faire son choix. Pour ma part, j'y trouve plus mon compte ici. Les vannes font mouches. Le suspense est bien présent. La B.O porte bien son nom. La conclusion sous forme de "Incarner le changement que vous souhaitez observer dans le monde" sur fond de protection de la planète, d'alerte à la mal bouffe ainsi qu'à la surconsommation est loin de m'indifférer d'autant qu'elle est subtile et à destination de la future génération. Bref, il s'agit d'un bon film que je recommande.
Je regrette toutefois le manque de nuances dans certains propos qui iront trop loin, jusqu'à l'encontre de mes propres valeurs. Quand le harceleur se fait réprimer, c'est sympa. Quand il devient lui-même une victime sur le long terme, ça va trop loin. D'autant plus lorsqu'on se moque du fait qu'il soit en "SEGPA". Pour moi il s'agit du gros point noir du film.
Je pense sincèrement que ce film vaille le détour, notamment pour ouvrir l'esprit de nos petites têtes blondes sur la réalité de ce monde et la provenance de leurs jouets tout en permettant le plaisir simple d'un bon visionnage pour les adultes.
En bonus, lors de votre visionnage, vous pourrez vous amuser à un petit jeu : chercher les marques critiquées. Celles qui m'ont le plus marquées: Nike, Ralph Lauren, Lays et les hand-spinners.