Mais dis-moi qui es-tu ? - Moi ? Personne. - Alors deviens d'abord quelqu'un et après on ira ensembl

Mon nom est personne a une caractéristique presque unique :
essayer de, et réussir à, réunir deux genres apparemment incompatibles (du moins, de manière intéressante) : le western et la comédie.
Jouant sur les deux registres avec un talent inégalé à ce jour (c'est en tout cas mon opinion), il a pris ce qu'il y avait de meilleur dans les deux mondes pour en offrir une synthèse inspirée et géniale.

Cela va jusqu'au casting, casse-gueule au possible.
Terence Hill (oui oui, le Terence Hill de Bud Spender) marié à Henry Fonda, l'affaire n'était certes pas dans la poche.
Mais c'est là que se produit l'un de ces petits miracles dont le cinéma a le secret.
Sans que l'on puisse toujours expliquer pourquoi : ça marche !

Portés de bout en bout par une mélodie qui restera dans la tête plusieurs jours voire semaines après, on traverse cet hommage conjoint aux grandes heures du western comme à celles du burlesque.
Emblématique, Henry Fonda représente tous ces "classiques", là où Terence Hill personnifie la modernité galopante, qui rattrape les dernières légendes et les sublime, pour leur faire vivre leurs plus grandes heures avant une retraite méritée.
L'histoire n'a rien de très original ni de très compliqué, mais symbolise efficacement et, je pense (malgré mon expérience limitée des westerns), avec un grand respect ce qu'on peut également retrouver dans Il était une fois dans l'ouest : la fin d'une époque, et le début d'une nouvelle ère.

Succession de scènes cocasses et de moments plus sérieux, avec de véritables morceaux de philosophie, fût-elle surannée, le film offre également son lot de jeux de pistolet spectaculaires et jouissifs, sous les regards bleus et perçants de Fonda et Hill, rivalisant de cynisme.
Souvent drôle, jamais ridicule, cela désamorce une ambiance qui pourrait autrement être bien pesante et très excessivement grave.
Un équilibre délicat à trouver, mais ici apparemment maîtrisé impeccablement. Du grand art.

Incontestablement une allégorie doublée d'un hommage, Mon nom est personne se classe dans ces films qui, d'une "simple" rétrospective, deviennent une oeuvre par eux-mêmes.
Ne passez pas à côté ;)
SeigneurAo

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