Bourré de récompenses à travers le monde et devenu depuis sa sortie en 1958 un véritable classique de notre beau cinéma, Mon oncle est une parfaite continuité de ce qu'aura tenté de mettre en place son auteur depuis ses débuts, une gigantesque étude burlesque mais pertinente sur l'évolution de son pays.
Observateur amusé de ses concitoyens et de son époque, Jacques Tati décrit une France en pleine mutation, confronte un vieux Paris populaire à un autre plus moderne, entièrement dévoué à l'industrialisation et au progrès technologique, représenté ici par une maison high-tech digne d'un film d'anticipation.
Reprenant son rôle d'anti-héros lunaire et gaffeur, Jacques Tati apporte un peu de fantaisie et de chaos à un univers froid et horriblement aseptisé, où l'important n'est plus la joie de vivre mais bien la réussite sociale et professionnelle. Des caricatures dont s'amuse le cinéaste mais qu'il ne condamne jamais vraiment, posant sur eux un regard plein d'une tendresse vacharde.
L'intrigue a beau n'être qu'un prétexte aux expérimentations de Tati et le rythme se montrer un peu casse-gueule, Mon oncle fonctionne parfaitement pour qui sera client du genre, petite merveille d'humour et d'imagination orchestrée par un grand échalas attendrissant.