'Mon Oncle', c'est d'abord une histoire d'enfance. Un de ces films qu'on réclamait le dimanche après-midi avec mes soeurs, un de ces films devant lesquels on rigolait sans trop savoir pourquoi, sans doute un peu parce que d'entendre notre père s'esclaffer nous faisait dire que c'était la réaction à adopter.
'Mon Oncle', c'est aussi l'histoire d'une redécouverte progressive à travers mes âges. Des premiers rires francs et auto-contrôlés, du balayeur et des rosiers (?) taillés en forme de candélabre, de la marchande de tapis, de la bedaine du beau-frère, des petits bonbons, de l'emplacement de parking on ne peut mieux indiqué et des savants jeux de fenêtres.
C'est l'histoire de comprendre, dix ans plus tard, que "Plastoc" est une entreprise de polymères, et que ce ne sont pas des saucisses qu'elle fabrique, mais bien des tuyaux, quelle que soit la forme intriguante qu'ils prennent par la maladresse de ce tendre Monsieur Hulot.
C'est l'histoire d'un plaisir des sens, visuel, intellectuel, auditif - cette petite musique, quel bonheur -. C'est l'histoire d'y trouver du théâtre dans le cinéma, lors du mémorable déjeuner avec les collègues et voisins, lorsque cette formidable petite bonne femme rit à s'en déchirer les boyaux (vous remarquerez la puissante comparaison). C'est l'histoire des "hublots" de la maison et des têtes qui les transforment en yeux, c'est l'histoire d'un chien moche comme tout, c'est l'histoire des gaufres dans le terrain vague et d'un portail électrique. C'est l'histoire d'une secrétaire qui sautille d'un bout à l'autre de l'entreprise. C'est l'histoire d'un garçon fatigué, en pyjama, qui mange son oeuf à la coque.
'Mon Oncle', c'est une histoire ordinaire. C'est un film qui parle d'un monsieur sur son vélo. Et je pourrais le revoir tous les jours de ma vie traverser le pont qui joint ses "deux vies", celle du passé et celle du futur.
Note : pour une étude mille fois plus poussée et bigrement intéressante, je me permets de recommander la critique de Adobati.