Deuxième expérience du cinéma de Tati, décidément un grand monsieur. Comme pour Playtime, c'est une ode à la musique et au rythme que nous propose le réalisateur ; même construction narrative que Playtime, avec un ajout majeur : l'aspect familial. Ici, Monsieur Hulot n'est pas seulement perdu dans la nature robotisée et aseptisée du monde moderne, il est perdu dans sa famille, pour le plus grand bonheur de son petit neveu. Leur relation, intimiste et touchante, est émouvante au possible. Les touches de burlesques sont toujours aussi bien amenées (le coup du lampadaire est magistral), apportant beaucoup à la fraîcheur du film.
La musique est ici bicéphale : elle représente soit la ville, avec des notes assez sèches et pointées, soit la campagne de Hulot, avec des flûtes traversières et de l'accordéon, tout en rondeur et en notes liées.
Ce qui m'a le plus frappé dans ce film est l'usage des couleurs : criardes et immondes pour la nouvelle voiture de la famille (une voiture verte et rose, j'avais encore jamais vu ça) ainsi que pour les "tubes" produit à l'usine dans laquelle le père travaille ; froides et plates pour la maison ultramoderne sortie tout droit d'un film d'anticipation ; chaudes et enivrantes pour la campagne, le marché et les alentours de la maison de Hulot. Tout chante, tout respire la poésie dans ce film : l'ambiance est véritablement magique, enchanteresse ; en bref, on est bien en regardant ce film.
Mais, contrairement à Playtime, j'ai ici quelques reproches, notamment des faux-raccords trop visibles qui entachent la magie du film, c'est pourquoi je n'ai pas mis 9 comme à Playtime. Petit exemple : Hulot joue avec une fenêtre pour réverbérer le soleil et faire chanter un oiseau ; il place la fenêtre dans une certaine position, presque fermée. Le plan suivant, plus large que le précédent pour montrer la sortie de Hulot de sa maison, la fenêtre est complètement ouverte, ce qui gâche trop la magie voulue par la scène, à mon goût.
Mais je fais ici la fine bouche, Mon oncle est un très bon film, de la même trempe que Playtime. Maintenant, je trépigne à l'idée d'aller voir Les vacances de Monsieur Hulot !