D'abord, j'ai souhaité que l'enfant qui aide son père à représenter des familles heureuses se révolte contre la fausseté de ces sourires. J'ai souhaité que derrière ces masques qui maintiennent l'illusion du bonheur soit révélée la violence du monde, pour que l'enfant soit moins seul à constater cette violence à laquelle il ne s'identifie pas ; afin qu'il ait d'autres choix que soit rejeter ce monde, soit le rejoindre par excès de violence.


Puis j'ai eu peur lorsque j'ai assisté à la destruction de toutes ces représentations qu'il a construites avec son père. J'ai eu peur que la violence engloutisse le monde.
Lorsque les sourires ont laissé place aux expressions de souffrance de corps qui se détruisent, j'ai eu peur de voir disparaître l'humanité.


Alors j'ai été soulagé de voir un jeune adulte choisir de poursuivre en solitaire le travail qu'il avait commencé avec son père : persister à faire exister ces représentations de familles heureuses.
Afin qu'un geste d'amour inconditionnel accompagne les corps après leur destruction.
Afin que la violence ne soit pas la fin du monde.

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le 5 mai 2020

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