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La dernière fois que l'on a pu s'enthousiasmer pour le cinéma péruvien, c'était en 2006 pour Madeinusa, le premier long-métrage de Claudia Llosa, suivi trois ans plus tard de Fausta. Las, la réalisatrice a ensuite succombé aux sirènes américaines et commis un film oubliable, L'attrape-rêves. Mon père (Retablo), premier essai d'Alvaro Delgado Aparicio, redonne goût à ce cinéma andin dont le premier attrait est le dépaysement même si cela ne suffit évidemment pas à contenter tout à fait notre gourmandise de cinéphile. Ici, nous sommes bien en terre relativement inconnue : la langue quechua, des hauts-plateaux spectaculaires, des marchés aux couleurs chatoyantes et deux personnages principaux qui sont un fabriquant de retables (retablier ?) et son fils, qui apprend le métier à son contact. Serait-ce un simple film sur la transmission avec l'apprentissage d'un garçon de 14 ans, tiraillé entre l'attrait de cet artisanat et l'envie de se mêler davantage aux jeunes gens de sa communauté qui ne pensent qu'aux filles ? Oui, dans un premier temps, avant que ne surgisse le drame. Il faut une grande délicatesse à la mise en scène et beaucoup de subtilité à la narration pour ne pas enfiler les clichés attendus. Le parti pris de ne filmer que ce que voit son jeune héros est le bon, la violence et l'intolérance qu'il va rencontrer de même que la remise en question de son attachement filial (pour des raisons qu'il serait dommage de déflorer) sont autant d'aspects de sa maturation qui sont traités avec la distance et le tact nécessaires. L'émotion n'est pas bridée pour autant et surgit dans un dénouement tragique où la pratique de l'art du retable, comme tout au long du film, en dit bien plus long que bien des discours.

Cinephile-doux
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le 30 déc. 2018

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