De père en fils.

Des histoires de femmes ont fait que Lucien Guitry et son fils, Sacha, se sont brouillés durant des années. Puis, le fils a voulu se rapprocher du père, immense vedette du théatre d'antan, au point de lui avoir beaucoup rendu hommage par la suite. Il y a eu notamment Le comédien, et Mon père avait raison, tiré d'une pièce de théatre éponyme de 1919.

C'est un film qui parle de la transmission d'un père envers son fils, puis ce dernier qui confiera son legs à son fils. Cela commence par une très belle scène entre Gaston Dubosc, qui incarne le père de Sacha Guitry, lequel lui fait part de sa philosophie de vie, qu'il lui a transmise, sur l'éducation, les femmes le mensonge et le bonheur. Puis, Guitry va éduquer son fils sur les valeurs que lui a transmis son père, alors que son épouse lui annonce qu'elle le quitte pour un autre homme.
Vingt ans plus tard, le jeune homme, joué par Paul Bernard, revient au domicile familial et revient sur l'éducation que son père, incarné encore par un Guitry plus âgé, lui a inculqué. Arrive alors la fiancée du jeune homme, jouée par Jacqueline Delubac, et qui vient voir son futur beau-père sur les raisons d cette éducation, qu'elle considère avoir nui à son fils...

Le film fait partie des premiers films de Sacha Guitry que j'avais vu, et il reste toujours aussi fort que dans mes souvenirs, grâce à la vivacité de Guitry (lequel ne se soucie guère de jouer deux rôles à vingt ans d'intervalle, excepté des cheveux blanchis !), et l'air pétillant de Jacqueline Delubac, dont on voit encore le regard amoureux de son mari de Guitry se poser sur la caméra.
C'est encore une fois bourré de bons mots, dont je retiens cette phrase formidable prononcé par Gaston Dubosc, jouant le père de Guitry au début du film :

*- Et si on te proposait malgré tout de recommencer ta vie, tu recommencerais ?
- Vingt fois
- Et tu ferais les mêmes choses ?
- Non.
- Alors qu'est ce que tu ferais ?
- Rien ! *

Car on se rend que son éducation rigoureuse l'a peut-être empêché de s'émanciper comme il l'aurait voulu, ce que parle également le personnage joué par Delubac.
C'est tiré du théatre, et sans doute adapté comme tel, d'où le tournage entièrement en intérieurs, et le casting annoncé au départ, annonçant qui jouera quoi, mais Mon père avait raison reste encore un chef d’œuvre d'intelligence, qui résonne encore au XIXe siècle sur la liberté de vivre sa vie comme on la souhaite, et non comme on nous l'impose.